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Leur société
Nouvelle hausse des prix du gaz : Au profit des compagnies pétrolières
Le ministre de l'Économie, Francis Mer, vient d'autoriser par décret Gaz de France à augmenter ses tarifs " domestiques " (c'est-à-dire pour les usagers ordinaires) de 3 %. Et le ministère de l'Économie a le culot d'écrire que les usagers vont quand même " bénéficier d'une baisse globale des prix de 1,5 % entre le 1er novembre 2001 et le 1er novembre 2002 ". C'est qu'en effet, le 1er mai dernier, Gaz de France avait baissé ses tarifs de 4,5 %.
Il reste donc 1,5 % au bénéfice des usagers.
Certes, mais cette baisse de 4,5 % faisait suite à trois hausses successives, en deux ans, de +6,5 %, puis +13 % et enfin +9,5 %. En fait, en trois ans, le prix du gaz a donc augmenté de 27,5 % ! Mais cela, le ministère évite de le rappeler...
Cette nouvelle hausse sera d'autant plus sensible que l'on est au seuil de l'hiver, et jouera donc pour les dépenses de chauffage de la saison froide.
Selon le ministère " l'augmentation des prix du gaz est justifiée par l'évolution des produits pétroliers sur lesquels sont indexés les contrats d'achat de gaz ". C'est exact, et c'est parfaitement scandaleux. Les compagnies pétrolières, qui sont en même temps les grandes productrices de gaz naturel, ont imposé à l'échelle mondiale que les prix du gaz soient automatiquement indexés sur les prix du pétrole. Même s'il y a excès de l'offre gazière, par exemple, les prix du gaz montent si ceux du pétrole montent. C'est parfaitement absurde, surtout pour des partisans de l'économie " libérale " qui nous serinent que c'est la loi de l'offre et de la demande qui dirige les marchés et les prix. Mais ce n'est pas absurde pour les compagnies pétrolières et gazières qui s'en mettent plein les coffres.
Depuis quelques mois les prix du pétrole grimpent, non parce qu'il y aurait une diminution de l'offre, mais du fait de la menace d'une guerre américaine contre l'Irak. Cette guerre qui n'a pas encore eu lieu rapporte déjà des milliards aux compagnies, non seulement sur le pétrole, mais aussi sur le gaz !
Il est vrai que Gaz de France doit acheter la quasi-totalité du gaz consommé en France à l'étranger. Donc, disent les responsables, elle est bien obligée de répercuter les hausses sur les factures. Mais pendant que les usagers " de base " vont devoir payer, de combien le trust TotalFinaElf va-t-il s'enrichir sur le pétrole et sur le gaz ? Pourquoi ne devrait-il pas être mis à contribution ?
Ajoutons qu'en revanche le prix du gaz n'augmentera pas pour les industriels très gros utilisateurs. Tout le beau raisonnement sur l'indexation automatique du prix du gaz sur celui du pétrole ne joue plus pour eux. Car Gaz de France leur a consenti (depuis fort longtemps) des tarifs de faveur et des contrats à plus ou moins long terme. Et avec l'ouverture du marché européen pour les gros clients, la concurrence est rude entre les diverses compagnies gazières. Dans ce cas, on fait jouer la concurrence, car elle peut favoriser le grand patronat !
C'est ainsi que les 10 millions d'usagers " domestiques " vont non seulement payer pour les gros pétroliers et gaziers, mais aussi pour que les gros industriels échappent à la hausse. Les usagers ordinaires, qui ne peuvent éviter de se chauffer ou de faire la cuisine, sont donc soumis à un véritable racket de la part des compagnies, avec la complicité de Gaz de France et du gouvernement.
La hausse de Francis Mer est de " droite ", mais les précédentes étaient de " gauche ". De Jospin à Raffarin le tuyau à profits pour les pétroliers et gaziers n'est pas bouché.