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Dans les entreprises
Groupe Snecma : Le PDG pris la main dans le sac !
Une fois n'est pas coutume, Jean-Pierre Béchat, le PDG de la Snecma, qui passe son temps à donner des leçons à l'ensemble des salariés du groupe (le quatrième constructeur d'avions mondial), vient de se faire taper sur les doigts par le gouvernement. Ce zélé partisan de la privatisation de la Snecma s'était discrètement constitué un joli magot par le biais de la Caisse des Dépôts et Consignations et à l'insu du Trésor Public comme du gouvernement.
Dans l'attente de la privatisation partielle qui devait avoir lieu en septembre 2001 (mais repoussée suite aux attentats du 11 septembre), le PDG de la Snecma, tel l'écureuil de la Caisse d'Epargne, avait flairé le bon coup et s'était constitué un petit portefeuille d'actions achetées évidemment à bas prix, entre 110 et 200 F l'une. Gourmand, il en avait acquis pour 2,2 millions de francs (335 000 euros). Si la Snecma avait été privatisée, donc introduite en Bourse, ces actions lui auraient rapporté le gros lot puisque chacune aurait alors été mise en vente à 2200 francs, soit 335 euros ! Ces actions devraient représenter alors une plus-value potentielle de 25 millions de francs, soit 3,81 millions d'euros.
Mais voilà, le pot aux roses à été découvert : la Cour des comptes a fait un rapport, puis le Canard Enchaîné s'est fait le relais de cette information dans la presse. Face au tollé suscité par l'arnaque, Béchat a été sommé par le gouvernement de revendre ses actions illico. Dans un premier temps, il a tenté de se justifier en disant qu'il avait fait cela pour le " bien " du groupe, à un moment où personne ne croyait en son avenir, déclarant même avoir " fait confiance au groupe " en y intéressant ses économies personnelles " plutôt que dans telle ou telle société vedette de la Bourse ".
Dans une lettre laconique de quatre lignes, on apprend maintenant que Béchat a revendu à l'actionnaire principal les actions au " prix d'acquisition "... Même si c'est cela, Béchat s'en sort plutôt bien puisqu'il n'a pas eu à payer la moindre pénalité !
L'affaire a fait grand bruit dans toutes les usines du groupe Snecma. Et si elle a fait beaucoup rire dans un premier temps, elle a surtout scandalisé la grande majorité des salariés, choqués par le comportement de ce grand patron qui refuse d'augmenter les salaires... mais qui n'oublie pas de s'en mettre plein les poches.
Car pour un patron qui se " fait prendre ", combien détournent des milliards en toute tranquillité ? Plus d'un travailleur de la Snecma a noté que le gouvernement et le fisc étaient bien plus compréhensifs à l'égard de ces délinquants en col blanc qui appartiennent à leur monde que vis-à-vis des petites gens qui ont du mal à payer leurs impôts !