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Budget de la Sécurité sociale : Priorité à la santé... des possédants
Lundi 28 octobre, le gouvernement a commencé la mise en discussion du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Dès son entrée en fonction, le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, a proclamé de grands principes sur la " priorité à la santé publique " ; le préambule de son projet de loi parle d'une " véritable culture de la prévention ", en particulier dans le dépistage du cancer. L'autre maître mot de ses déclarations est la " responsabilisation ".
A côté de ces grandes déclarations, on trouve quelques mesures concrètes, pas encore très nombreuses - la synthèse est prévue pour début 2003. Mais les mesures en question suffisent à révéler ce qui se cache derrière les " grands principes ".
Côté prévention du cancer, les taxes sur le tabac augmenteront de près d'un milliard d'euros pour dissuader les consommateurs, en particulier les jeunes dont chacun sait que le budget est souvent serré.
Côté " responsabilisation ", le gouvernement a annoncé une modernisation des établissements hospitaliers, avec une première tranche d'un milliard d'euros. Mais pour la gestion, il faudra " insuffler aux acteurs une "culture du résultat" et pas seulement de moyens ". Autrement dit, on voit pointer sous l'attribution de crédits, qui n'ont rien d'extraordinaire, la notion de rentabilité contraire à celle de service public.
Il faut aussi, selon J.-F. Mattei, " responsabiliser " les médecins et les patients, les premiers étant priés de ne pas prescrire pour cher ; les seconds d'en être de leur poche avec le non-remboursement de médicaments courants dits " de confort " ou le remboursement de leurs médicaments habituels au taux des médicaments génériques.
Tout cela n'empêchera pas l'augmentation du déficit du budget de la Sécurité sociale : 3,9 milliards sont prévus en 2003, contre 3,3 milliards en 2002. Mattei laisse même présager plus mais, pour lui, il n'est pas question, pour renflouer le budget, de mettre fin aux dégrèvements de charges sociales qui font le bonheur du patronat. Au passage, l'État prévoit de payer à la Sécu la moitié des dettes passées dues aux baisses des charges. Pour l'autre moitié, apparemment, on verra plus tard.
Pas question non plus de s'en prendre aux profits faramineux des industries pharmaceutiques ; au contraire, puisque le ministre a déjà annoncé une enveloppe de 200 millions d'euros supplémentaires affectée à l'achat par les hôpitaux de médicaments innovants.
Pas question enfin de s'en prendre aux patrons qui licencient ; or un point d'augmentation de la masse salariale suffirait à régler le déficit actuel de l'assurance maladie. Non seulement conserver des emplois éviterait la catastrophe sociale que représentent les licenciements, mais cela préserverait des rentrées de cotisations sociales et contribuerait à la santé de tous les salariés.
Mattei peut mettre en avant la " priorité à la santé publique " : ce ne sont que des paroles, alors que la politique de son gouvernement vise à préserver avant tout la santé du portefeuille des actionnaires.