Intermarché de Maisons-Alfort : Face au harcèlement, les salariés se rebellent27/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1782.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Intermarché de Maisons-Alfort : Face au harcèlement, les salariés se rebellent

Jeudi 20 septembre, à l'Intermarché des Juilliottes, à Maisons-Alfort dans le Val-de-Marne, l'ambiance était vraiment inhabituelle : pendant deux heures, des salariés d'Intermarché et les militants de l'Union locale CGT ont distribué des tracts au métro et devant le magasin, discuté avec les clients et dénoncé au mégaphone les méthodes de la direction du magasin pour intimider les salariés.

Cela fait longtemps que, dans cet établissement de 40 salariés, les employés sont victimes des agissements de la direction : convocation sur-le-champ, pressions pour pousser à la démission, retards de paiement, réflexions injurieuses de tout acabit sur le travail mais aussi sur la vie privée. C'est à partir du 20 août que plusieurs employés ont décidé de réagir collectivement.

Ce jour-là, la direction a multiplié les coups de force : un employé a soudainement été accusé d'avoir volé 1 000 euros dans le coffre et s'est fait menotter et embarquer par la police. Un autre employé, accusé d'être complice, a été séquestré jusqu'à l'arrivée de la police, puis fouillé. Le même jour, deux personnes ont été licenciées sur-le-champ et verbalement : " Vous ne faites plus partie de l'entreprise ".

Plusieurs employés décidés à réagir collectivement sont alors allés à l'Union locale CGT de la ville.

Intermarché, les mousquetaires de l'intimidation.

Les gérants de l'Intermarché des Juilliottes n'aiment pas les syndicats. Quand deux représentants de la CGT sont venus accompagner les deux salariés licenciés, l'un des militants a été poursuivi dans le parking et pris au col par un représentant de la direction ! Quant aux salariés, ils ont été licenciés depuis cette date pour abandon de poste, alors qu'on leur a interdit de rester ! Depuis sept plaintes ont été déposées auprès du procureur de la République pour harcèlement moral et d'autres ont été déposées auprès du tribunal des Prud'hommes. Plusieurs articles sont parus dans la presse locale.

Le jour du rassemblement devant l'Intermarché, alors que résonnaient dans tout le magasin les slogans au mégaphone dénonçant ses méthodes envers les salariés, la direction s'est sentie obligée de distribuer des sucreries, d'offrir un buffet campagnard et les sacs, habituellement payants, ont été donnés gratuitement aux clients. Il faut donc qu'il y ait un rassemblement de protestation pour qu'Intermarché offre quelque chose à la clientèle !

Bon nombre de clients ont montré leur sympathie aux salariés, posaient des questions et affichaient leur solidarité. Beaucoup s'étonnaient du changement incessant de salariés et plusieurs disaient même avoir été témoins des réflexions méprisantes de la direction vis-à-vis du personnel et même quelquefois des clients. Certains proposaient leur aide à la lutte des salariés.

Il est courant que des dirigeants de magasins utilisent de telles méthodes de patron de choc envers les salariés, pour pouvoir les exploiter au maximum et rogner leurs droits. Mais cette fois, ils ont comme réponse la solidarité et la détermination. Et c'est la direction de cet Intermarché qui se retrouve au banc des accusés et doit rendre des comptes. C'est une première victoire... sans doute pas la dernière.

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