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Leur société
Des PDG interchangeables
Suite à son retour au gouvernement, la droite a fait un peu de ménage en remplaçant certains dirigeants d'entreprises publiques par certains de ses amis politiques. Rien de neuf sous le soleil, en somme, dans ce petit jeu de chaises musicales qui a été pratiqué aussi bien par la gauche que par la droite.
Prenons Vial, président de La Poste, qui a dû céder la place : en 1988, lors du retour de la gauche au pouvoir, il était entré au cabinet de Quilès, ministre des PTT. En 1993, la droite revenue au gouvernement l'expédia à la tête de l'Aéropostale. Avec la gauche en 1997, il devint directeur général de La Poste à la place de Viet, un proche de l'ex-ministre de droite Longuet, relégué à son tour dans les hautes sphères de l'Aéropostale.
Ces hauts fonctionnaires, passés par les mêmes moules des grandes écoles, des cabinets ministériels, des Inspections générales sont interchangeables. Ils lorgnent ce qu'ils estiment être les bonnes places pour leur carrière à l'ombre de leur protecteur du moment. Rien de plus ordinaire parmi ces gens toujours prêts à jouer des coudes.
Il faut vraiment des lunettes spéciales pour distinguer que certains seraient de gauche contrairement à d'autres de droite. Une chose est sûre, les salariés ne risquent pas de s'en rendre compte vu que leurs dirigeants successifs, de droite ou de gauche, se passent le relais pour poursuivre les mauvais coups.
Par exemple, le président de La Poste sortant avait, il y a treize ans, organisé le démantèlement des PTT en deux entreprises distinctes : La Poste et France Télécom. Aujourd'hui, en guise de réponse au nouveau gouvernement qui prétend qu'à La Poste le passage aux 35 heures a eu un coût trop élevé, il se vante des gains de productivité qu'il a su imposer en refusant de compenser intégralement par des embauches la réduction du temps de travail. Bref, voilà un patron dont le sort n'a aucune raison d'émouvoir les travailleurs.
Ces gens-là ne quittent leur poste avantageux qu'avec un parachute doré, quand ils ne se sont pas empressés de se le préparer eux-mêmes. Ainsi Anne Lauvergeon, ancienne conseillère de Mitterrand, et actuelle présidente du numéro un mondial de l'industrie nucléaire issu de la fusion entre Framatome, Cogema et une partie du Commissariat à l'Energie Atomique, s'est fait octroyer une rémunération de 427 000 euros, soit - commente un rapport de la Cour des comptes - " 17 % de plus que le mieux payé des présidents d'entreprises publiques, France Télécom. ". A cela il faut bien sûr ajouter les jetons de présence qu'elle touche en tant que membre du conseil d'administration de Suez et de vice-présidente du conseil de surveillance de Sagem. En femme consciente que les meilleures choses peuvent avoir une fin... même toute provisoire, elle s'est assurée d'une indemnité de deux ans en cas de rupture anticipée de son contrat.
Des patrons de gauche ? A moins que cela qualifie ceux qui mettent de l'argent à gauche pour eux-mêmes pendant qu'ils serrent la vis aux salariés ?