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Leur société
À anciens combattants coloniaux, pensions coloniales
En novembre dernier, dans un arrêt, le Conseil d'État avait condamné l'État français à aligner la retraite d'un ancien sergent-chef sénégalais ayant servi dans l'armée française sur celle de ses homologues français et à lui rembourser tous ses arriérés de paiement.
Au-delà de ce cas individuel, cette décision pourrait remettre en cause la discrimination dont sont victimes tous les anciens combattants originaires des ex-colonies françaises qui touchent des pensions jusqu'à 25 fois inférieures à celles des Français.
En effet, à l'époque de la décolonisation, les autorités françaises ont fixé pour les militaires qui avaient opté pour la nationalité de leur pays d'origine des retraites et des pensions d'invalidité nettement inférieures à celles des Français et très variables d'un pays à l'autre. Elles ont en plus décidé de geler le montant de ces pensions à compter de la date d'indépendance du pays.
D'où une différence de traitement qui n'a cessé de s'aggraver avec le temps. Un invalide de guerre vietnamien, par exemple, reçoit 15,24 euros par mois contre 411,61 euros pour un Français. Cette injustice provoque depuis longtemps la colère des 100 000 retraités et 29 000 invalides concernés.
Pas plus que celui de Jospin, le gouvernement de Raffarin n'entend corriger cette injustice. Selon l'actuel secrétaire d'État aux Anciens combattants, la mise à niveau des retraites et le remboursement des arriérés seraient " irréalistes ". Le gouvernement voudrait se contenter d'un petit geste, d'une " mesure qui tienne compte du niveau de vie de chacun ", sans autre précision ni engagement.
Pour se dérober, les gouvernements, qu'ils soient de droite ou prétendument de gauche, ont les mêmes arguments : les contraintes budgétaires. Pourtant, les uns comme les autres savent toujours trouver des milliards pour arroser le patronat en subventions, exonérations d'impôts et autres allégements de charges.
Cela ne fait que confirmer le mépris des classes dirigeantes françaises pour les populations de ses ex-colonies. Pas plus qu'elles ne se sentent responsables de la misère et du sous-développement qu'elles ont entretenus - et entretiennent encore, au-delà de la décolonisation - dans ces pays, les classes possédantes françaises ne se sentent redevables vis-à-vis de ces soldats qu'elles ont souvent enrôlés de force et utilisés comme chair à canon pour la défense des intérêts de l'impérialisme français.