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- Lutte ouvrière n°1776
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Métaleurop (région de Douai) : - Pendant les vacances, l'annonce des licenciements
L'usine Metaleurop à Noyelles-Godault produit du zinc, du plomb, de l'argent doré, du cadmium et de l'acide sulfurique. Elle n'a pas bonne réputation dans la région, et pour cause : les accidents y sont nombreux et graves. Deux explosions de colonnes de zinc en 1993 et 1994 avaient tué dix travailleurs. C'étaient les accidents les plus graves, mais pas les seuls, loin de là.
La pollution de toute la zone qui entoure l'usine est dramatique : le taux de plomb dans le sang des riverains de l'usine atteint des proportions alarmantes. Selon les études réalisées par les responsables du plan de dépollution, 15 000 personnes sont touchées. Le sol des champs et des jardins est tellement chargé en métaux lourds que la consommation des légumes qui y poussent est interdite. L'eau n'est évidemment pas utilisable non plus.
La direction de l'usine invoque le suivi médical du personnel. Mais ce suivi n'est pas pour tout le monde : les nombreux intérimaires et sous-traitants y échappent souvent mais n'échappent pas au plomb et au zinc, ni aux accidents dus aux conditions de travail.
L'autre défense de la direction de l'usine, c'est qu'elle fournit des emplois. Mais quels emplois ? En 1976, il y avait 1 500 salariés. Après une série de plans dits " sociaux " , il n'y en a plus que 820.
Et le groupe qui possède cette usine, et quelques autres dans le monde, issu de la fusion de Pennaroya et du groupe allemand Preussag, vient d'annoncer 370 licenciements. La direction ose même parler d'un " plan de sauvetage " de l'usine ! En fait, il s'agirait toujours de produire du zinc et du plomb, mais cette fois à partir de métaux recyclés, et non plus issus de minerais. La production diminuerait, mais dans des proportions moindres que le personnel : elle passerait de 105 000 tonnes de zinc à 70 000 et de 150 000 tonnes de plomb à 105 000. Et rien ne dit que ce sera moins polluant, ni moins dangereux.
De toute façon, selon la direction, cela n'est pas négociable. Les seules discussions que la direction veut démarrer dès les premiers jours d'août, ce sont celles qui concernent les licenciements, le énième plan social. Ainsi, pendant qu'une bonne partie des travailleurs sont en vacances, il faudrait leur préparer leur licenciement pour la rentrée ! Il n'en est pas question.
Cette usine a toujours coûté cher à la région, mais pas grand-chose aux patrons. Dès son origine, Pennaroya avait acquis le site pour une bouchée de pain en 1920 au titre de " droits à dommages de guerre ". Par contre, elle lui a rapporté beaucoup : le tiers du zinc produit en France venait de là.
Maintenant Pennaroya pleure sur la conjoncture, la baisse des cours du zinc, les coûts de production, etc. Mais il serait plutôt temps de faire les comptes de tous les profits que l'usine a rapportés aux actionnaires. Et des dizaines d'ouvriers sont morts au travail depuis des années pour ces profits. Ce sont ces profits qui appartiennent en fait aux travailleurs qui les ont créés.