Loi Perben : Des mesures répressives et réactionnaires09/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1776.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Perben : Des mesures répressives et réactionnaires

Après les mesures policières adoptées par Sarkozy et Perben son collègue de la Justice, Raffarin a poursuivi au pas de charge la mise en place du dispositif policier dont la droite fait ses délices. La loi Perben a été votée par la majorité de droite qui s'en est donné à coeur joie.

Cette loi renforce, et le mot est faible, les mesures répressives envers ceux qui sont accusés de petits délits, en particulier les plus jeunes. Elle autorise la détention provisoire de ces jeunes, étend l'application de la procédure d'urgence à des délits passibles de 6 mois à 10 ans de prison. Elle remet en cause les dispositions de la loi de 1945 qui interdisaient l'incarcération de jeunes entre 13 et 16 ans, sauf s'il y avait crime. Elle rend possible les sanctions pour les enfants à partir de 10 ans.

Le projet du ministre a été durci par deux amendements émanant de députés de la majorité, et par un amendement déposé par le gouvernement lui-même. L'un permet de supprimer les allocations familiales aux familles de jeunes incarcérés, l'autre permet aux enseignants de déposer une plainte en justice, s'ils s'estiment menacés ou insultés, le troisième permet d'utiliser des témoignages dits sous X, c'est- à-dire en fait des témoins non identifiés par la défense. Cette loi remet en cause la présomption d'innocence, pourtant votée en juin 2000 à l'unanimité des députés, droite et gauche confondues. Il est vrai qu'à l'époque, à droite comme à gauche, certains politiques avaient affaire à des poursuites judiciaires embarrassantes.

Les laudateurs de la loi Perben prétendent faire croire qu'il suffit de durcir la répression pour supprimer les problèmes que subissent les habitants des banlieues populaires, y compris une partie des jeunes eux-mêmes. En fait, ils savent fort bien que ces mesures ne changeront rien . Mais elles ne coûtent rien à la bourgeoisie, et elles flattent les préjugés et les alimentent. Et comme la démagogie sécuritaire leur paraît payante électoralement, ils en rajoutent à qui mieux-mieux .

Les députés de gauche ont critiqué, mais mollement, soit qu'ils partagent les idées de la droite, soit parce qu'ils se sentent gênés par le fait qu'hormis les aspects les plus réactionnaires de cette loi, le PS avait lui-même défendu la nécessité d'une répression aggravée. Jospin n'avait-il pas revendiqué l'initiative de la mise en place de centres fermés pour les jeunes délinquants lors de la campagne électorale ?

Cette loi, dénoncée par la plupart des professionnels qui sont en rapport avec la fraction de la jeunesse dite difficile, ne changera rien sinon en transformant une partie de petits délinquants en délinquants endurcis.

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