Les enfants victimes de la peinture au plomb09/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1776.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les enfants victimes de la peinture au plomb

Un juge a, pour la première fois, reconnu la validité de la plainte de treize familles victimes de saturnisme.

Ce sont les enfants qui sont les plus exposés à cette maladie. Ils absorbent les particules de plomb échappées des peintures qui s'écaillent dans les logements anciens non rénovés. Le métal se fixe dans le cerveau en développement et occasionne des lésions entraînant des somnolences, des baisses irréversibles des capacités intellectuelles et même, dans les cas les plus graves, la mort.

Les causes de cette maladie sont connues depuis plus d'un siècle, mais les peintures au plomb n'ont été interdites qu'en 1948 et les travaux pour éliminer les vieilles couches de peinture sont très insuffisants. Aussi l'Institut national de la santé et de la recherche médicale estime-il que 85 000 enfants de moins de six ans sont touchés, et l'Assistance publique des hôpitaux de Paris avance le chiffre de 250 000 enfants vivant dans le pays dans un environnement à risque.

Jusqu'à présent, l'ampleur de cette maladie est restée dans l'ombre, cachée derrière les façades d'immeubles vétustes abritant les catégories les plus pauvres de la population. Les propriétaires ont continué à toucher les loyers de logements qui empoisonnaient lentement les enfants.

Dans le cas des treize familles plaignantes, il s'agissait aussi bien de propriétaires privés que d'un bailleur public : en l'occurrence, la Mairie de Paris. Les services sanitaires avaient alerté celle-ci de l'état de santé préoccupant des enfants. Les familles l'avaient sollicitée depuis des années, en vain, pour obtenir d'autres logements. La famille d'un des enfants avait finalement été relogée : la fillette, hospitalisée à quinze reprises, présentait des doses de plomb mortelles dans le sang. Pourtant, il aura fallu que cette famille attende sept ans !

Les quelques travaux entrepris par la Ville de Paris, le furent au mépris de la santé des occupants : un immeuble, rue du Rhin, a subi d'important travaux de décontamination. Mais tandis que pendant sept mois les ouvriers étaient légitimement protégés contre les poussières dégagées, les enfants continuaient à vivre sur place sans mesure préventive.

Le jugement va permettre aux treize familles de toucher enfin de l'argent pour faire face aux dépenses de santé. Mais ce ne seront pas les responsables qui paieront. La Commission d'indemnisation des victimes d'infractions pénales qui a rendu le jugement n'est en effet pas habilitée à désigner un coupable. Elle peut seulement reconnaître les droits des victimes. C'est donc un fonds de garantie qui indemnisera celles-ci.

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