Convoyeurs de la Brink's braqués puis licenciés09/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1776.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Convoyeurs de la Brink's braqués puis licenciés

Trois convoyeurs de la Brink's, la plus connue des sociétés de transport de fonds, viennent d'apprendre leur licenciement pour faute professionnelle.

Le 30 mai dernier, ils avaient été victimes d'un braquage près d'Evreux. Sous la menace de six malfrats équipés d'armes lourdes, ils avaient été contraints d'abandonner leur véhicule et les deux millions d'euros qu'il contenait aux ravisseurs.

La Brink's leur reproche " une attitude de soumission, laxisme, absence de conscience professionnelle et attitude irresponsable ", en clair d'avoir refusé de jouer les héros pour sauver l'argent, et surtout l'image de l'entreprise auprès de ses clients. Les convoyeurs reconnaissent une certaine panique, et on les comprend, en particulier de n'avoir pas actionné un système d'alerte situé à l'intérieur du fourgon. Mais comme l'expliquait l'un d'eux, " une roquette qui rentre dans le fourgon fait monter la température à 2000 degrés, tout fond, même les pièces. Alors jouer les martyrs pour 7000 francs par mois... ".

Ces licenciements interviennent à peine quelques jours après une table ronde qui s'est tenue le 11 juillet au ministère de l'Intérieur. Elle a décidé de remettre en cause ce que les représentants syndicaux des convoyeurs de fond avaient obtenu lors de la grève du printemps 2000. A la suite de ce mouvement, on leur avait promis la suppression progressive des " points noirs " (à l'intérieur des galeries commerciales par exemple), l'aménagement de voies d'accès aux sites et la mise en place de sas à l'entrée des agences bancaires. Le gouvernement Jospin avait alors mis plus de six mois pour publier le décret d'application, qui accordait plus de deux ans aux banques pour effectuer les travaux. Depuis, elles traînent encore les pieds, puisqu'entre un tiers et la moitié des agences ne se seront pas mises aux normes au 31 décembre 2002. Et le gouvernement Raffarin, qui se fait pourtant le chantre du sécuritaire, vient d'accorder une année supplémentaire aux banques pour achever les chantiers.

Le PDG de la Brink's a affirmé que " ces mesures répondent aux besoins des différentes parties prenantes ". Les entreprises de convoyage se montrent bien moins exigeantes à l'égard de leurs clients, quand ils ne respectent pas leurs engagements, qu'avec leurs employés. Et pourtant, c'est de la peau de ces derniers qu'il s'agit. L'attente devant une agence, dont le délai de sécurité est de sept minutes, peut ainsi se transformer en trois quarts d'heure, ou encore la livraison de fonds à des supermarchés se faire directement par le parking des clients !

Avant de donner des leçons de bravoure assis derrière leur cravate, comme l'exprimait un des licenciés, " ces gens-là devraient un jour monter dans le fourgon ".

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