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- Lutte ouvrière n°1776
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Dans les entreprises
Banque de France : RTT = Rallongement du temps de travail
La direction de la Banque, en effectuant un calcul qui intègre les congés, a décrété en 2001 que nous étions déjà aux 35 heures et qu'il était hors de question de baisser le temps de travail. Elle voulait par contre imposer la mise en place de l'annualisation et de la flexibilité, sous couvert de la signature d'un accord avec les syndicats.
Elle a donc, à coups de chantage et d'intox, déclaré qu'elle retirerait une partie des congés si rien n'était signé. Après des mois de faux suspens où les syndicats ont mollement dénoncé les propositions minimalistes de la direction, quatre d'entre eux, à l'exception de la CGT et de la CFDT, ont signé fin 2001 un accord où le personnel ne gagnait rien, et perdait pas mal. Ils n'ont pas voulu mobiliser le personnel, pourtant critique vis-à-vis du projet d'accord, sur d'autres perspectives qu'une simple " négociation " en tête-à-tête entre responsables syndicaux et patronaux. Surtout, au fur et à mesure que le temps passait et que la Banque se faisait plus pressante, les revendications intersyndicales initiales (des embauches, pas d'annualisation, etc.) sont passées à la trappe.
Seule la CGT a défendu jusqu'au bout l'idée qu'un accord sans recrutement serait mauvais, mais sa volonté de demeurer au sein de l'intersyndicale lui a lié les mains.
Les " avancées " de l'accord (appliqué au 1er juin) consistent surtout dans la possibilité de s'acheter des vacances : on propose au personnel de travailler plus en échange de jours de congés, sans que les heures supplémentaires soient payées. Ces jours ne pouvant être exercés faute d'effectif, cela désorganise bien des services, et le mécontentement pourrait s'exprimer après la rentrée. Du coup, on demande aux personnes à temps partiel de revenir à plein temps. Pour la première fois en vingt ans, leur nombre a diminué en 2001, faisant ainsi récupérer l'équivalent de dizaines de postes à la Banque qui se refuse à embaucher et a recours de plus en plus aux emplois précaires et à la sous-traitance.
Les pressions se multiplient pour que les agents prennent leurs congés à la volonté de la hiérarchie. Beaucoup au siège ayant des horaires atypiques (en équipe, par roulement, en décalé), l'application se déroule service par service, ce qui détériore le rapport de forces et permet à la direction de grappiller des avantages au passage.
Quant aux personnels, qui jusque-là travaillaient déjà 35 heures du fait de la pénibilité de leurs tâches, ils ne changent pas d'horaire, et perdent donc la reconnaissance de pénibilité, qu'ils avaient imposée depuis des décennies par leurs luttes.
Seuls les agents de succursale ont vu leur temps de travail réel diminuer puisqu'ils travaillaient plus de 35 heures avant l'accord. Les signataires ont eu le culot de présenter cela comme une grande victoire alors qu'il s'agissait d'une obligation légale !
Depuis l'échec de la grève de 1987, les conquêtes sociales fondent comme neige au soleil à la Banque de France, grosse entreprise qui gagne des centaines de millions d'euros par an et qui brade ses activités au profit du privé (impression et tri des billets, change, tenue de comptes) en sacrifiant au passage les conditions de travail.
Seule une mobilisation de l'ensemble des 16 000 travailleurs de la Banque, débordant au besoin l'intersyndicale, peut mettre réellement en échec ces projets et redonner confiance, non seulement aux salariés de la Banque de France mais aussi par ricochet à l'ensemble du secteur bancaire, très menacé lui aussi.