Nouvelles technologies et vieilles combines : L'argent public au secours du privé02/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1775.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Privatisation

Nouvelles technologies et vieilles combines : L'argent public au secours du privé

Le parc de l'image du Futuroscope, près de Poitiers, construit avec 1,7 milliard de francs d'argent public par le Conseil général de la Vienne, a vu son exploitation cédée au groupe privé Amaury voici tout juste deux ans. Estimant les bénéfices insuffisants, la direction du parc, qui a déjà bénéficié de multiples aides, appelle de nouveau les collectivités locales à la rescousse.

Déjà, lors de la privatisation de la gestion du parc, au printemps 2000, le groupe Amaury, qui possède Le Parisien, l'Equipe, la Société du Tour de France, et qui affiche annuellement plusieurs centaines de millions de francs de bénéfices, avait obtenu un prix d'ami. La concession de l'exploitation du parc pour 25 ans, qui avait été estimée à un milliard de francs par le journal d'affaires La Tribune, fut ramenée à 277 millions de francs. Le loyer annuel versé par Amaury au département s'élevait à 36 millions de francs.

Comme cadeau de bienvenue, une gare TGV flambant neuve destinée à desservir le parc fut financée à hauteur de 173 millions de francs par le département et le tandem SNCF-Réseau Ferré de France. Les élus du Conseil général, toutes tendances confondues, s'engageaient à investir plus de 100 millions de francs par an pendant trois ans dans de nouvelles attractions, tout en assurant la maintenance de l'infrastructure du site.

En novembre 2001, la direction du Futuroscope commença à se plaindre de prétendues difficultés financières dues à une baisse du nombre de visiteurs. Elle décida alors de se débarrasser de 300 salariés en cédant leurs secteurs à des sous-traitants, puis exigea de nouvelles aides au Conseil général. Ce dernier s'exécuta sans tarder et généreusement : baisse de moitié du loyer annuel, subvention de 15 millions de francs pour une campagne de promotion du parc. Et, cerise sur le gâteau, le département vendit le Palais des Congrès du site du Futuroscope à Amaury.

Aujourd'hui, le patron du Futuroscope estime que le nombre de visiteurs reste en dessous de ses prévisions et désespère d'obtenir rapidement les bénéfices escomptés. Il envisagerait donc de se défaire du parc à moindres frais. Qu'à cela ne tienne, le président du Conseil général, René Monory, et surtout l'ex-président de la Région, un certain Raffarin, viennent l'épauler. Ils envisagent la mise en place d'une société d'économie mixte pour gérer le parc et permettre à Amaury de passer la main.

Ainsi l'apôtre du « libéralisme » qu'est Raffarin, partisan farouche de la « libre entreprise » et autre « moins d'État », met en pratique sa politique, dans laquelle l'argent de la collectivité doit assurer les bénéfices des groupes capitalistes.

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