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Leur société
La fermeture de sangatte et le durcissement des lois contre les réfugiés
Nicolas Sarkozy a annoncé que le centre de Sangatte fermerait dans un délai de six mois. Il est par contre resté beaucoup plus évasif sur le sort réservé aux réfugiés qui y sont actuellement hébergés. Il est probable que ceux qui n'accepteront pas le retour " volontaire " seront, d'une manière ou d'une autre, renvoyés dans leur pays, même s'ils y risquent leur vie. Ou ils replongeront, comme bien d'autres, dans la clandestinité.
Dans ce hangar, prévu au départ pour recevoir 700 personnes, vivent aujourd'hui 1500 réfugiés, principalement afghans et kurdes. Il a été ouvert en septembre 1999 ; les autorités françaises espéraient ainsi contrôler plus facilement les immigrants regroupés aux abords du tunnel sous la Manche. Obliger hommes, femmes et enfants à vivre dans un camp de réfugiés semblable à ceux qu'installent les organisations humanitaires dans les pays pauvres ou les régions en guerre, c'est ce qu'ont trouvé de mieux les dirigeants d'un des pays les plus riches du monde. Et ils n'ont vraiment commencé à s'émouvoir de cette situation que lorsque la promiscuité a entraîné des bagarres entre communautés et suscité l'inquiétude du voisinage.
La fermeture du centre, plusieurs fois promise mais toujours repoussée, était d'autant plus à l'ordre du jour que le contrôle des réfugiés s'était rapidement révélé illusoire. Chaque jour, des dizaines d'entre eux tentaient de franchir le tunnel. D'où une tension persistante avec le gouvernement britannique, qui accuse son homologue français d'entretenir " une incitation permanente au passage clandestin vers l'Angleterre ".
Sangatte va donc fermer mais le problème n'en sera pas résolu pour autant. Tout au plus sera-t-il moins visible. Mais ce qui est frappant, c'est que cette décision a été annoncée par Sarkozy et son homologue britannique comme allant de pair avec un durcissement de la législation sur le droit d'asile en Grande-Bretagne, censé décourager les éventuels candidats à l'émigration. Un projet de loi, qui devrait être voté à la mi-octobre, prévoit des reconduites à la frontière plus systématiques pour les demandeurs d'asile politique.
C'est d'ailleurs la tendance dans tous les pays européens. En Autriche, les immigrés doivent désormais maîtriser l'allemand pour avoir un titre de séjour. Ils ont pour cela droit à 100 heures de cours... dont 50 à leur charge. Au Danemark, une loi sur l'immigration a été votée le 31 mai restreignant les catégories de demandeurs d'asile et limitant le regroupement familial lorsqu'un des membres de la famille n'est pas originaire de l'Union Européenne. En Allemagne, une loi promulguée en juin a également limité les possibilités de regroupement familial. Partout les gouvernants, soucieux de flatter les préjugés xénophobes, font adopter des législations de plus en plus restrictives. Cela ne dissuade en rien les habitants des pays où sévissent la misère et la guerre de tenter leur chance. Leurs conditions de vie sont telles que rien ne peut les arrêter, et qu'ils sont prêts à tout pour atteindre les pays riches d'Europe occidentale. Mais cela rend leur existence plus difficile, les oblige à rester dans la clandestinité, ne leur laisse souvent pas d'autre choix que de se soumettre aux employeurs véreux ou aux mafias qui bâtissent leur richesse sur l'insécurité imposée aux immigrés sans papiers.
Cela est d'autant plus révoltant que ces pays vers lesquels les dirigeants de France, de Grande-Bretagne ou d'ailleurs voudraient renvoyer ces réfugiés, sont soumis à la misère, aux guerres et à l'insécurité... dont les grandes puissances sont les principales responsables.