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Dans le monde
Italie : Manque d'eau et profits à la source
Une sécheresse plus importante que d'habitude, une des pires du 20ème siècle, paraît-il, sévit en Italie méridionale et en particulier en Sicile. Dans la province de Raguse, le verger de la Sicile, les réserves ont diminué aux trois quarts. Mais si la nature est pour quelque chose dans la catastrophe, les déficiences de l'État et la mainmise de la Mafia sur les réseaux de distribution de l'eau y ont au moins autant leur part.
Si le réseau d'adduction d'eau a été construit en grande partie sous Mussolini, les aqueducs les plus récents ont été réalisés dans les années cinquante. Mais l'entretien, la rénovation ou la construction de nouvelles infrastructures permettant l'acheminement de l'eau à la population des villes ou l'irrigation des terres sont tellement mal assurés que, selon un responsable de la Protection civile, 40 % de l'eau se perd en route.
La situation résulte aussi de l'emprise de la Mafia. Accaparant certains puits, détournant des bassins de retenue, imposant sa dîme sur une partie de la distribution de l'eau, elle tire profit de cette ressource comme de bien d'autres choses. Sa pression sur les autorités locales contribue aussi à freiner toutes les initiatives qui viseraient à développer le réseau comme il le faudrait.
Le problème s'étend maintenant presque à toute l'Italie méridionale et centrale. Là, on rencontre aussi d'autres mafias ; on retrouve même la tristement célèbre Vivendi (ex-Générale des Eaux) bénéficiaire de la privatisation de nombre de réseaux d'eau potable. Dans de nombreuses régions, les manifestations se multiplient de la part des agriculteurs et des éleveurs. Mais pour résoudre la question de l'eau, il ne suffira pas qu'il se mette à pleuvoir. Il faudra aussi mettre fin aux différentes formes d'emprise privée sur cette ressource fondamentale.