Ouverture du capital : EDF et GDF n'ont pas besoin du secteur privé, c'est le privé qui a besoin d'EDF et GDF12/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1772.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ouverture du capital : EDF et GDF n'ont pas besoin du secteur privé, c'est le privé qui a besoin d'EDF et GDF

Raffarin a franchi le pas en annonçant " l'ouverture progressive du capital " d'EDF et GDF.

Cela fait des années que Gadonneix, le PDG de GDF et Roussely, PDG d'EDF, la réclament. Si Jospin, avant les élections, s'était bien gardé d'en parler, Strauss-Kahn et Fabius avaient annoncé qu'ils y étaient favorables. Et le personnel admet que " la gauche aurait fait pareil ". De toute évidence la continuité est assurée.

Selon Raffarin, EDF et GDF " doivent être dotés des mêmes armes que leurs concurrents européens ". Argument abondamment repris par la presse économique : EDF et GDF auraient besoin " face à la concurrence " de capitaux supplémentaires, justifiant ainsi l'ouverture de leur capital.

Ce sont des balivernes ! GDF et surtout EDF ont acheté massivement des sociétés étrangères sans avoir besoin de capitaux privés. Ainsi pour le budget EDF de 2001, le directeur-adjoint finances a déclaré que, pour financer les acquisitions, " il a été puisé, comme prévu, dans la trésorerie existante à hauteur de 2,6 milliards d'euros ". Une jolie somme qui s'ajoute à tout ce qu'EDF a dépensé depuis des années. Ainsi en 2001, 35 % du chiffre d'affaires d'EDF s'est réalisé à l'étranger (29 % en Europe, et 6 % dans le reste du monde).

Il est vrai que depuis quelque temps EDF a connu des déboires avec ses filiales argentine et brésilienne qui lui ont causé des pertes sérieuses. Mais, malgré cela EDF et GDF sont largement bénéficiaires et rapportent beaucoup à l'État qui effectue ses prélèvements d'une part au titre d'unique actionnaire et d'autre part au titre de l'impôt sur les sociétés. Ainsi l'État a touché de la part d'EDF 6 milliards de francs en 1998, 3,1 milliards en 1999 et 2,21 milliards en 2000.

Si donc ni EDF ni GDF n'ont besoin des capitaux privés, contrairement au mensonge intéressé de la presse économique, en revanche, le secteur privé aimerait beaucoup bénéficier des profits d'EDF et GDF.

Ce gros gâteau fait terriblement envie à certains trusts. Ainsi l'inévitable TotalFinaElf est candidat à une prise de participation dans le capital de Gaz de France. D'autant plus que le trust possède des gisements gaziers en mer du Nord, et ailleurs.

Du côté d'EDF c'est le groupe Suez, et sa filiale Electrabel, qui lorgne sur EDF. Electrabel a déjà acquis, à prix cadeau, la Compagnie Nationale du Rhône et ses centrales hydroélectriques, puis les centrales électriques appartenant à la SNCF. Des hors-d'oeuvre en espérant la suite. A signaler que l'État commande maintenant l'électricité des arsenaux à Electrabel.

Depuis la fondation d'EDF et GDF, le grand patronat a toujours été outrageusement avantagé par des tarifs de faveur, au détriment des simples particuliers. Avec l'ouverture du marché à la concurrence (à ne pas confondre avec l'ouverture du capital), les gros consommateurs font jouer la concurrence et obtiennent des prix encore plus avantageux.

Mais avec la privatisation, à ces avantages, va s'ajouter le bénéfice que les futurs nouveaux actionnaires entendent bien retirer de cette affaire.

Bref, EDF et GDF construits avec l'argent public vont servir de sources de profit au secteur privé.

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