Les 3 et 4 juillet derniers, La Poste a présenté aux organisations syndicales son projet de réaménagement pour le tri du courrier dans le nord et le nord-est de la ville de Paris qui comprennent les 8e, 17e, 18e, 19e et 20e arrondissements. Les centres de tri de La Chapelle, Saint-Lazare, Paris 11, Paris 17 et Paris 20 qui traitaient le courrier de ces arrondissements cesseraient leurs activités, qui seraient transférées vers un nouveau centre de tri situé en banlieue nord, dont l'ouverture serait prévue pour février 2004. Sur Paris est prévue par ailleurs la mise en route de quatre nouveaux centres dits " concentrateurs " chargés du relevage du courrier dans les boîtes aux lettres et auprès des gros usagers. Ils seraient situés dans les locaux des anciens centres de tri, comme La Chapelle ou Saint-Lazare. Ce nouveau dispositif devrait être mis en place petit à petit d'ici le courant de l'année 2005.

Pour justifier ce chamboulement, la direction régionale de La Poste invoque toutes sortes de raisons, bonnes ou moins bonnes, voire malhonnêtes allant des difficultés de la circulation automobile dans Paris à la mauvaise adaptation des anciens locaux aux nouveaux moyens mécaniques pour le tri du courrier, mais aussi des arguments insultants à l'égard du personnel accusé de " faible productivité " et de " qualité de service " médiocre.

C'est environ un millier de postiers de tous grades et de tous statuts qui sont menacés dans leurs conditions de travail, de modifications de leurs lieux, fonctions et horaires. Comme à son habitude, la direction est discrète sur les conditions de reclassement qui seront proposées, et l'inquiétude du personnel est réelle. En vingt ans, tous les centres de tri parisiens situés pour la plupart dans les gares auront fermé. Le dernier, le centre du Landy, dédié au courrier international, doit fermer à la fin du mois d'août. 110 employés de ce centre n'ont reçu aucune proposition sérieuse de reclassement de la part de la direction. La majeure partie d'entre eux n'ont même pas eu de réponse à leur demande motivée de mutation. Ils ignorent tout de leur lieu et de leurs horaires de travail pour le mois de septembre ! Fermeture après fermeture, les conditions de reclassement du personnel sont de pire en pire. L'avenir dans les nouveaux centres eux-mêmes est loin d'être assuré. Le Landy qui ferme le mois prochain devait être, il y a quelques années, le grand centre hyper-performant pour trier et acheminer le courrier international ! La direction de La Poste a pris la mauvaise habitude de traiter les postiers comme des pions. Pas rares sont ceux aujourd'hui qui ont subi deux, voire trois fermetures de centre avec les bouleversements d'horaire et de trajet qui en découlaient. De plus chaque fermeture a permis à La Poste de procéder insidieusement à des suppressions d'emplois, accroissant d'autant la charge de travail pour tous, le trafic étant, lui, bien loin de diminuer. Reste à savoir ce que sera la réaction des postiers. Ils ont les moyens d'imposer à leur direction dans le cadre de cette réorganisation la prise en compte prioritaire de leurs intérêts.