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Etats-Unis : La barbarie de la peine de mort
La Cour suprême des Etats-Unis vient de prendre deux décisions qui devraient réduire le nombre des exécutions capitales dans ce pays. Sous l'angle de la peine de mort - pratiquée dans 38 des 50 Etats américains - ce pays, dont les dirigeants ont souvent la prétention de se poser en modèle pour l'ensemble des Etats de la planète, est, un des Etats parmi les plus barbares et réactionnaires. L'actuel président des Etats-Unis a d'ailleurs largement bâti sa réputation politique sur le fait que, dans l'Etat du Texas, quand il en était le gouverneur, il ne graciait jamais un condamné.
La première décision, prise jeudi 20 juin, concerne l'interdiction d'exécuter des attardés mentaux. Par six votes contre trois, la Cour suprême a estimé, bien tardivement, qu'il s'agissait là d'une pratique " cruelle " contraire à la Constitution américaine. Les condamnés concernés par cette mesure devraient voir leur condamnation commuée en une peine d'emprisonnement à vie.
C'est un petit progrès quand on sait qu'en 1989, il n'existait que deux Etats américains n'exécutant pas les attardés mentaux, contre dix-huit aujourd'hui sur les trente-huit qui pratiquent la peine de mort. En 1989, la Cour suprême avait estimé qu'exécuter une personne ayant un coefficient intellectuel (une notion par ailleurs assez douteuse) inférieur à 85 n'était pas contraire à la Constitution !
Par ailleurs, lundi 24, la même Cour a décidé, par sept voix contre deux, d'annuler l'exécution d'une peine capitale en Arizona en déclarant " anticonstitutionnelle " une telle exécution quand elle a été prononcée par un juge seul et pas par un jury populaire.
Cela concerne neuf Etats américains (Floride, Arizona, Idaho, Colorado, Montana, Alabama, Indiana, Delaware et Nebraska) et cela permettrait de surseoir à l'exécution de près de huit cents condamnés à mort - le cinquième des condamnés à cette peine du pays - qui attendent dans les couloirs de la mort de ces neuf Etats. Leurs peines devraient, elles aussi, être commuées en prison à vie.
Cela ne devrait pas avoir de conséquence sur le sort de l'opposant noir Mumia Abu-Jamal, condamné par un juge unique dans l'Etat de Pennsylvanie il y a vingt-deux ans. Cet Etat n'est pas concerné par la décision de la Cour et de toute façon, la peine capitale qui le menaçait, a pour le moment été commuée en emprisonnement à vie, sans que ses défenseurs parviennent pour le moment à faire rejuger son affaire alors que plusieurs éléments nouveaux attestent qu'il n'est pas coupable du meurtre qu'on lui attribue.
Il reste que plus de trois mille condamnés à mort vont continuer à vivre dans l'attente de l'exécution d'une sentence de mort. Une attente d'autant plus odieuse que, étant donné les conditions dans lesquelles ont eu lieu les enquêtes, on peut penser qu'un tiers d'entre eux pourraient être innocents (c'est ce qu'indiquait il y a deux ans une enquête sur ce sujet).
Ces deux décisions, aussi partielles soient-elles, sont en tout cas certainement un encouragement pour tous ceux qui s'opposent à la peine de mort. Il est souhaitable que cela aide à relancer le mouvement abolitionniste pour que cette pratique d'un autre âge, sans aucun effet d'ailleurs sur la criminalité, soit définitivement abandonnée et que les Etats-Unis cessent cette pratique barbare. Sans parler de cette autre pratique barbare qu'est l'emprisonnement à vie qui ne laisse guère d'espoir et qui est vécu par beaucoup de condamnés comme pire que l'exécution.