Raffarin 2 succède à Raffarin 1 : Le rose, le bleu et Lenoir20/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1769.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Politique

Raffarin 2 succède à Raffarin 1 : Le rose, le bleu et Lenoir

Le gouvernement nouveau, que la presse appelle Raffarin 2, est arrivé. On y retrouve presque les mêmes. Il s'y ajoute douze nouveaux venus, parmi lesquels les plus connues sont la très médiatique spationaute Claudie Haigneré qui s'occupera de la recherche et des nouvelles technologies et Nicole Fontaine, ex-présidente du Parlement européen, qui devient ministre déléguée à l'Industrie et sera donc chargée de faire du bien aux chefs d'entreprise, un sport pour lequel les parlementaires européens sont très entraînés. Se crée aussi un nouveau secrétariat d'Etat aux Programmes immobiliers de la Justice, qui revient à Pierre Bédier. Le maire de Mantes-la-Jolie sera chargé de transformer la démagogie sécuritaire en profits supplémentaires pour les grands bétonneurs du pays, Bouygues et autres. Mais le nouveau gouvernement compte aussi Noëlle Lenoir qui succède à Renaud Donnedieu de Vabres, qui, lui, n'a pas été reconduit dans ses fonctions de ministre délégué aux Affaires européennes, du fait de sa mise en examen dans le cadre des affaires de financement du Parti Républicain.

Noëlle Lenoir est, à elle seule, tout un symbole de l'alternance politique. Première femme nommée au Conseil constitutionnel en 1992, cette proche de Mitterrand avait été choisie par le président de l'Assemblée nationale d'alors, le socialiste Henri Emmanuelli et donc étiquetée " de gauche ". Certains de ses ex-camarades, Forni et Montebourg, disent même qu'elle était au Parti Socialiste. La voilà maintenant dans un gouvernement " de droite ". Ses ex-amis du PS sont donc fâchés et disent qu'elle a changé, mais elle fait simplement la démonstration que les hommes et les femmes de la vraie droite et de la fausse gauche sont interchangeables, puisque de toute façon, sur l'essentiel, ils sont dans le même camp, celui des exploiteurs.

Mais un élément semble avoir été décisif dans le changement de couleur politique de madame Lenoir. Le Parti Socialiste étant déjà très occupé à recaser ses députés emportés par la vague bleue, il aurait oublié de lui trouver un point de chute. Or, Noëlle Lenoir s'était fait remarquer au Conseil constitutionnel comme l'auteur d'un rapport sur l'art d'interpréter l'article 68 de la Constitution, qui régit le renvoi du chef de l'Etat devant la Haute Cour de justice en cas de haute trahison. En 1999, les neuf prétendus " sages " du Conseil constitutionnel, encore présidé par le célèbre amateur de bottines, Roland Dumas, s'étaient alors mis d'accord pour écarter l'idée que la responsabilité pénale du président de la République puisse déboucher sur sa mise en examen. En clair, le président de la République était " intouchable ". Chirac, qui vient d'en reprendre pour cinq ans... d'intouchabilité, n'est pas un ingrat. Il sait remercier celle qui avait plaidé sa cause, le mettant à l'abri de toutes poursuites, là où un vulgaire Donnaedieu de Vabres serait mis en examen.

Comme on voit, le gouvernement nouveau est arrivé et les affaires vont pouvoir reprendre.

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