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Europe
à la veille du sommet de Séville : Leur europe contre le monde des pauvres
Les discussions concernant la lutte contre l'immigration clandestine se multiplient entre les représentants des différents pays européens à l'approche du sommet de Séville, qui doit se dérouler les 21 et 22 juin. Le président espagnol affirme qu'un accord sera sans doute possible entre les quinze pays membres de l'Union européenne. Les cyniques propositions avancées à la fois par le faux homme de gauche Tony Blair et par les représentants ouverts de la droite espagnole et italienne Aznar et Berlusconi, visant à sanctionner économiquement les pays pauvres incapables de contrôler les vagues d'émigration de tous ceux qui fuient la misère qui y règne, n'auront suscité que quelques débats. Les tenants de ce projet semblent prêts à le remettre à plus tard... Il y aura sans doute polémiques et escarmouches, mais force est de reconnaître que, sur l'essentiel, les représentants des Etats européens ont bel et bien une politique convergente, qui consiste à faire en sorte que le patronat des pays les plus riches puisse tirer le maximum de profit de la main-d'oeuvre immigrée venue récemment, et de ce fait illégalement, des pays pauvres d'Europe orientale, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, où la faim et le dénuement sont le sort de centaines de millions d'êtres humains.
Loin de mener une politique visant à diminuer cette misère, les dirigeants des pays riches continuent de l'aggraver. Et les quelques millions d'hommes, de femmes et de jeunes, prêts à tout pour tenter de survivre un peu mieux dans les pays les plus développés de la planète, n'ont pas d'autre choix que de constituer pour le patronat une main-d'oeuvre taillable et corvéable à merci.
Contrairement à ce que l'on voudrait souvent nous faire croire, les lois restrictives concernant l'immigration et le refus de légaliser la situation d'une partie des immigrés ne sont pas destinées à protéger les classes pauvres des pays riches. Elles visent à imposer aux nouveaux arrivants la précarité, les bas salaires, l'absence de protection sociale qui ne profitent qu'aux employeurs et aux négriers de toute sorte. Et, au-delà, cela permet aussi au patronat de faire pression sur les salaires et de diviser la classe ouvrière. De nombreuses mesures actuellement en discussion, aussi bien dans les instances européennes qu'au niveau des gouvernements des différents Etats, sont destinées à accroître cette précarité de la main-d'oeuvre immigrée et à faire accepter à ces travailleurs une exploitation encore plus dure.
C'est ainsi que certains voudraient ne donner de papiers légaux aux nouveaux arrivants que s'ils ont un contrat de travail préalable. A l'expiration de ce contrat, l'immigré pourrait être considéré en situation irrégulière et reconduit à la frontière. Parallèlement, de nombreuses propositions visent à renforcer la coopération des différentes polices des Etats européens pour faire la chasse aux immigrés, et à hérisser de barbelés les frontières entre l'Union européenne et le reste du monde. Comment ne pas voir que de telles mesures ne réduiront pas l'immigration, mais multiplieront au contraire le nombre de ceux qui seront en situation irrégulière, favorisant du même coup le champ d'action des passeurs sans scrupules, des employeurs véreux et des margoulins de toute sorte qui profitent de cette misère pour se remplir les poches ?
Car ce sont les lois barbares sur l'immigration qui fabriquent les sans-papiers et la misère qui, au sein des pays riches, est le lot de cette partie de la classe ouvrière. Une partie de la classe ouvrière qui contribue à produire les richesses dont la société vit, sans même avoir le droit d'en bénéficier.