En mars 1993, la nouvelle usine DuPont de Nemours à Loon-Plage, près de Dunkerque, commençait à produire des désherbants. Elle avait coûté 660 millions de francs pour l'aménagement des bâtiments et du site. Et voilà que fin janvier 2002, la production a été stoppée et que la direction a annoncé son intention de vendre l'usine, invoquant une surproduction à l'échelle mondiale. Mais le groupe a dans le même temps agrandi son usine de Porto-Rico qui fabrique les mêmes produits...

Si l'usine a été arrêtée, moins de dix ans après sa mise en service, c'est que l'exonération d'impôt accordée par la loi Madelin aux établissements en " zone d'entreprises " prend fin. Cet avantage fiscal considérable a été chiffré par les organisations syndicales de DuPont à 3,5 milliards de francs en dix ans, 350 millions de francs par an. Cela représente pas moins de 4,37 millions de francs par an pour chacun des 80 emplois de l'usine. Avec cet argent qui représente au moins vingt fois le salaire annuel d'un travailleur, charges sociales comprises, l'Etat aurait pu payer 1 600 personnes pendant dix ans ! C'est d'ailleurs à peu près la même somme qu'un autre groupe, le groupe pharmaceutique Astra, avait gagné par emploi en 1994 grâce à son usine de Dunkerque, elle aussi en zone d'entreprises, selon une étude gouvernementale.

Ces 3,5 milliards de francs n'ont de plus nullement servi à créer ou à conforter des emplois, car en dix ans l'entreprise a rapporté, entre bénéfice distribuable et participation versée dans une filiale financière, environ dix milliards de francs (un milliard et demi d'euros).

Bien que l'usine ne produise plus, les travailleurs sont quand même payés. Mais quel sera leur avenir demain ? En tout cas, la moindre des choses serait que DuPont rembourse les exonérations d'impôts perçues. Il y aurait ainsi largement de quoi assurer plusieurs années de revenus, non seulement aux salariés de DuPont- Loon-Plage, mais aussi à de nombreux chômeurs de la région !