Quand la gauche crie à l'infidélité31/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1766.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand la gauche crie à l'infidélité

Les dirigeants des partis de gauche se sont empressés de s'emparer des déclarations de Lepeltier et de les mettre au centre de leur campagne. C'était une aubaine pour parler d'autre chose que de leur bilan.

Noël Mamère s'est dit " profondément choqué " ajoutant que " la droite est à côté de la plaque et revient à ses vieux démons ". Ayrault, au nom du PS, a parlé de " profond scandale ". Vincent Peillon, porte parole du PS, a dénoncé la " rupture du contrat " au nom du " mandat qui a été donné à Jacques Chirac le 5 mai " et la " trahison du pacte passé à la présidentielle ". Mais quel contrat ? Quel pacte Chirac a-t-il signé vis-à-vis de la gauche ? Aucun !

Dans le registre de l'amant délaissé, mais qui espère encore, la palme revient sans doute à L'Humanité. N'est-ce pas d'ailleurs le PCF qui prétendait entre les deux tours de l'élection présidentielle qu'en noyant Chirac sous les bulletins de vote, on allait le rendre otage de la gauche ? Aujourd'hui, L'Humanité continue à implorer Chirac.

" Et si, s'interroge L'Humanité du 23 mai, pas si fou que cela, il (Lepeltier) avait été chargé de lancer un signal à l'adresse de l'extrême droite ? Un seul personnage peut gommer ces interrogations, ces suspicions : le président de la République. Au soir du 5 mai, le chef de l'État avait eu des mots forts sur le sursaut démocratique, les manifestations de jeunes contre le FN, le rassemblement du pays face à la menace raciste et xénophobe. Il avait même souligné qu'il en tiendrait compte. Son entourage n'hésitait pas à nous répéter " Chirac a pris la dimension du nouveau contexte politique, de sa destinée historique ". On se prêtait à y croire (...). " et ainsi de suite. En conclusion, le journaliste supplie Chirac de " préciser sans détours ses intentions en indiquant son refus de faire élire des députés lepénistes ".

Il est évident que tous ces dirigeants de gauche ne croient pas un mot de tout ce cinéma autour du prétendu " pacte du 5 mai " et des vertus anti-FN de Chirac. Mais ils ont tout fait pour le faire croire à leurs électeurs, leurs militants et à leurs sympathisants. C'est grave, bien plus grave pour eux-mêmes, en tant que partis qui se disaient encore de gauche, et pour tous ceux sur qui ils gardent encore de l'influence. Car cela contribue à effacer un peu plus encore les repères politiques.

Les dirigeants de la gauche n'ont pas hésité à mentir à leurs électeurs et à obscurcir leur conscience en leur présentant Chirac, ce représentant ouvert du patronat et de la bourgeoisie, comme étant dans leur camp. Maintenant, ils veulent jouer aux faux naïfs, s'étonnant d'avoir confié les clés de la maison à un imposteur !

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