Etats-Unis : Un 11 septembre-bis ?31/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1766.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : Un 11 septembre-bis ?

" La menace d'une autre attaque (du type de celle du 11 septembre) est réelle, peut-être même encore plus désastreuse ", a affirmé, mi-mai, le vice-président américain Dick Cheney, qui a ajouté peu après en avoir la " quasi-certitude ". Appuyée par les agences fédérales de renseignement, FBI et CIA, cette annonce a été accompagnée d'un avis d'alerte rouge sur tout le territoire américain, tandis que les médias ressortaient le spectre de Ben Laden et agitaient la menace d'une nouvelle frappe des Etats-Unis par les réseaux Al-Qaïda dudit Ben Laden. Cette fois, à en croire la presse, il ne s'agirait pas d'avions-suicides mais de porte-containers piégés explosant dans des ports...

Evidemment, rien n'est à exclure en ce domaine. Mais on ne peut pas exclure non plus que cette annonce, qui, dit-on, et on l'imagine sans peine, a fait l'effet d'une bombe auprès de la population américaine, arrive vraiment à point nommé. Elle est tombée quelques jours à peine avant que Bush n'entame sa tournée en Europe et en Russie où il a posé au champion de la lutte contre le " terrorisme international " en cherchant à y rallier, et à rallier au leadership américain en ce domaine, les principales puissances européennes et la Russie.

Le hasard ferait aussi bien les choses puisque ces " révélations " sont tombées aussi quatre jours après que le président Bush eut reconnu avoir été informé par ses services secrets, plus d'un mois avant le 11 septembre, de menaces d'attentats terroristes par avion.

Ceux qui ont déterré l'affaire, forçant Bush à cette confession, sont principalement des parlementaires démocrates. Les Démocrates - qui ont depuis dû battre en retraite - considéraient de bonne guerre de chercher à affaiblir Bush sur le terrain même où, après le 11 septembre, il avait tenté de donner de lui l'image du dirigeant de tout un peuple endeuillé, uni derrière " son " président. Cela, dans la perspective des prochaines élections, celles dites de " midterm " (mi-mandat présidentiel) où ils espèrent prendre une revanche sur ce président élu sans que l'on sache si c'est bien lui ou son adversaire démocrate qui l'avait réellement emporté.

Bush aurait donc été " au parfum " - pour employer le langage que l'on prête aux gens du renseignement. Que, sur la base des informations dont lui et son entourage disposaient, ils aient pris ou pas les mesures appropriées pour tenter de contrer ces attentats, et en avaient-ils vraiment les moyens, la question restera probablement pour toujours sans réponse.

Mais au-delà des règlements de comptes politiciens auxquels le drame du 11 septembre donne lieu entre Bush et son opposition démocrate, l'atmosphère de crainte d'attentats que ces " révélations " entretiennent peut avoir des conséquences immédiates dramatiques. Par exemple, avec un regain de la chasse au faciès, comme après le 11 septembre, contre ceux qui, aux Etats-Unis, pourraient être vus comme des " terroristes " moyen-orientaux.

Une des autres conséquences de la chose, et elle a bien plus d'importance pour les milieux dirigeants américains, est d'entretenir une ambiance de citadelle assiégée propice et à tenter de souder la population derrière ses dirigeants et à lui faire accepter, outre l'envoi de nouveaux soldats en Afghanistan, aux Philippines ou ailleurs comme ces derniers mois, une augmentation conséquente des budgets fédéraux affectés aux organismes de sécurité. Après le 11 septembre, le budget du FBI a ainsi augmenté de 30 % pour deux ans, celui de la CIA a connu sa plus forte hausse depuis la guerre du Vietnam. Quant aux dépenses militaires, elles aussi, elles ont connu une hausse considérable. Mais sans doute ne sont-elles pas encore assez importantes pour les marchands de canons...

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