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Raffarin - Patronat : Une histoire de gens heureux
Après sa désignation, le Premier ministre Raffarin s'est empressé de démontrer que, contrairement à son prédécesseur, il sait « dialoguer ». Il a donc reçu les représentants des organisations syndicales, qui ont accepté avec un zèle non dissimulé de répondre à l'invitation. Et Seillière, au titre de représentant du Medef, était du nombre.
Si l'on en croit le compte-rendu de l'entretien fait par le dirigeant du Medef, il n'aurait été finalement question entre eux que d'intérêt général. Les expressions « modernisation indispensable dans notre pays », « rénovation nécessaire de notre pays » ou encore « restructuration de notre pays pour sa réussite » reviennent dans la bouche de monsieur le baron Seillière.
En revanche, il s'est montré plus discret sur les mesures qui concernent plus crûment les profits ! Le plus frappant dans cette mise en scène médiatisée, c'est la satisfaction qu'a manifestée Seillière de voir Raffarin à la place de Jospin. Ce n'est pas une surprise de voir qu'il préfère les nouveaux et qu'il souhaite la victoire de la droite aux élections législatives. En toute ingratitude d'ailleurs ! Car, tout de même, Jospin et ses ministres se sont décarcassés sans compter pendant cinq ans pour être aux petits soins pour le patronat. Du maintien de la dégradation du régime de retraite des travailleurs du secteur privé à la généralisation de la flexibilité pour les hommes et pour les femmes, en passant par la privatisation d'entreprises publiques et bien d'autres choses encore, la liste est très longue de toutes les facilités accordées par la gauche au patronat.
Mais, las ! ce patronat n'a même pas la reconnaissance du ventre ! Ce n'est pas que le patronat n'ait pas des liens personnels, de connivence, tissés dans les mêmes cercles et les mêmes écoles, avec la gauche. Mais là où Raffarin comme Chirac peuvent afficher ouvertement leur connivence avec le patron du Medef, l'excellence du climat de leurs relations et une complicité directe, ceux de gauche doivent se montrer plus circonspects, moins à tu et à toi, ou pas toujours de la même façon. Mais il n'y a qu'à se rappeler le rôle joué, par exemple, par Martine Aubry auprès de Gandois, l'ex-dirigeant du CNPF dont elle fut le bras droit, quand il était le PDG de Péchiney.
Et le patronat aurait en tout cas raison de craindre, sinon les dirigeants de la gauche, du moins les colères et les luttes de ce qui demeure encore aujourd'hui une fraction essentielle de l'électorat de la gauche.