La parité selon les partis de gouvernement : Un tiers seulement de femmes24/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1765.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections

La parité selon les partis de gouvernement : Un tiers seulement de femmes

Promulguée il y a juste deux ans, la loi dite de la parité fait obligation aux partis de présenter une proportion identique de femmes et d'hommes parmi leurs candidats aux élections. Cela, sous peine de sanctions financières venant réduire les subventions que ces partis reçoivent de l'Etat.

Après les élections municipales de l'an dernier, les législatives de juin sont le second grand scrutin auquel s'appliquent ces dispositions. Mais si cette loi a eu pour effet d'imposer une modification de la Constitution, elle n'a, dans les faits, pas modifié grand-chose aux habitudes misogynes des états-majors de la plupart des partis. Et d'abord de ceux que l'on dit « grands », parce qu'ils se succèdent au gouvernement.

Sur les 8424 candidats recensés aux 577 Sièges de l'Assemblée nationale, le ministère de l'Intérieur a décompté 38,5 % de femmes, soit un peu plus d'un tiers du total. Mais quand on examine le détail des courants politiques, on tombe sur des chiffres parfois bien plus faibles.

Ainsi l'UMP (l'Union pour la majorité présidentielle, fourre-tout chiraquien qui regroupe le RPR, une bonne partie de l'UDF et les « libéraux » de Madelin) ne présente même pas un cinquième de femmes. S'agissant des circonscriptions dites gagnables, celles que trustent les notables, la proportion des candidates de la droite chiraquienne est encore plus basse. Cela ne surprendra pas grand monde, même si certaines candidates de droite, telle Françoise de Panafieu, s'indignent du machisme de leurs « camarades » de parti, car cette droite avait freiné des quatre fers devant l'adoption de la loi sur la parité. Le Sénat - son bastion parlementaire - y avait même été franchement hostile. C'est que le gouvernement de la « gauche plurielle » ne s'était pas caché de concevoir cette loi comme une arme électorale contre la droite.

Mais, même du côté des promoteurs de cette loi, le bilan n'est guère plus brillant, et pour la même raison fondamentale qu'à droite : la misogynie ouverte de certains caciques recoupe celle, de fait, des appareils de ces partis dont les sortants, en grande majorité masculins, défendent leurs places contre tous ceux, et donc celles, qui pourraient les menacer.

Le Parti Socialiste annonce 36 % de candidates, moins que la moyenne nationale, et bien moins que cette égalité hommes femmes de candidats à des postes électifs dont la majorité gouvernementale se rengorgeait comme d'une « avancée » dont les électeurs - et les électrices - auraient dû lui être reconnaissants. Et même ce chiffre de 36 % semble enjoliver la réalité : certains journaux relèvent, eux, 30 % de candidates PS. La différence pro viendrait du fait que, dans les tractations où le PS et ses « alliés » se sont disputé les candidatures autour de sièges gagnables, là encore, les femmes ont bien souvent été sacrifiées. L'Humanité du 21 mai parle de « q u a s i - parité » en ce qui concerne le PCF, avouant ainsi à demi mot que ce parti ne respecte pas la parité. Pas plus que d'autres qu'on hésite à classer à « gauche », tels les chevènementistes du Pôle républicain (219 hommes et 172 femmes) ou les Verts, selon certains décomptes.

Et même quand ces partis ou d'autres disent frôler la parité, cette présentation des choses est pour le moins tendancieuse, pour ne pas dire hypocrite. Car si, à l'échelle nationale, ils ont généralement augmenté leur proportion de candidates, celles-ci se retrouvent le plus souvent dans des circonscriptions que les états-majors estiment non gagnables. Et il est très probable qu'au soir du second tour, quand on connaîtra le nom des députés, il y aura proportionnellement encore bien moins d'élues que d'appelées.

Ajoutons que, sur les 560 candidats que présente Lutte Ouvrière dans ces élections législatives, là, la parité est non seulement respectée, mais que nous avons même un peu plus de candidates que de candidats.

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