Des économies criminelles

« Dans un quartier huppé, cela ne serait jamais arrivé », dénonçait le père du petit garçon de quatre ans, qui a fait une chute mortelle de quinze mètres dans la cage d'ascenseur d'un immeuble d'une cité HLM de Strasbourg, dimanche 19 mai.

C'est vrai et c'est d'autant plus révoltant. La mort de cet enfant n'avait rien d'inévitable et elle est le produit de la négligence, du manque d'entretien, des économies faites sur la maintenance des parties communes, qui coûtent de l'argent et ne rapportent rien. Il n'y avait pas d'argent pour réparer l'ascenseur rapidement, pas d'argent pour faire que les logements dits « sociaux » ne soient pas des logements mal entretenus, mal surveillés, pour ne pas dire laissés à l'abandon. Dans cet immeuble construit en 1957, de la cité HLM de Strasbourg, la porte de l'ascenseur était déréglée depuis longtemps. Depuis trois mois, des locataires avaient signalé qu'elle s'ouvrait sur le vide. Il suffisait d'appuyer sur le bouton d'étage, comme l'a fait le petit garçon, pour que la porte s'ouvre. La semaine précédant le drame, l'Office HLM avait encore promis des interventions... mais rien n'avait été entrepris.

Personne ne tombe dans la cage d'ascenseur d'un immeuble de quartier riche. Mais pour assurer la sécurité - sans même parler du confort - des habitants des quartiers populaires, des ensembles HLM où vivent de nombreuses familles de la classe ouvrière, il n'y a pas d'argent. Les sociétés HLM n'investissent pas et s'efforcent au contraire de faire des économies sur tout, ne serait ce qu'en sous-traitant la plupart des travaux d'entretien et de maintenance, à des sociétés qui elles aussi n'ont pas d'autre préoccupation que de faire de l'argent pour un service réduit au minimum, quitte à sacrifier la sécurité.

Oui, ce sont bien des assassins, tous ceux qui ont contribué, par leur irresponsabilité et leur refus d'investir dans la sécurité, à faire qu'un petit garçon s'écrase au fond d'une cage d'ascenseur.