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Leur société
Soissons, une ville sinistrée par Michelin ... et par la politique des gouvernements
Le 7 mai, des milliers d'habitants de Soissons, dans l'Aisne, descendaient dans la rue, et les commerçants s'associaient à eux en fermant boutique pour une opération « ville morte » afin de protester contre la menace de suppression de 700 emplois, venant après la saignée opérée en 1999 avec la fermeture de l'usine Michelin-Wolber.
En un peu plus de deux ans ce sont plus de 1200 emplois qui auront été supprimés dans ce secteur, sans compter les centaines d'autres emplois induits qui auront disparu à cette occasion. Et si la colère et l'amertume de la population sont grandes, c'est que depuis des années les pouvoirs publics, gouvernement Jospin en tête, relayés par les édiles locaux, n'avaient pas ménagé les promesses de « développer l'emploi », dans cette ville de 30 000 habitants et sa région qui se retrouve totalement sinistrée et menacée d'être transformée en désert économique.
En 1999, la fermeture de l'usine Michelin-Wolber, s'est faite dans le cadre du plan de restructuration de l'ensemble du groupe Michelin, largement bénéficiaire et qui voulait, grâce à des milliers de licenciements en France et dans le monde, améliorer ses marges et les dividendes versés à ses actionnaires à la tête desquels on trouve tous les parasites de la grande famille Michelin. On se souvient qu'à cette occasion Jospin avait déclaré que le gouvernement n'a pas à « administrer l'économie » et que sa passivité avait provoqué l'indignation dans la population ouvrière. Et le gouvernement de la gauche plurielle a d'ailleurs tenu sa promesse, il n'a même pas demandé à Michelin de rembourser les milliards d'aides publiques qui lui avaient été donnés gracieusement.
À Soissons, pour faire passer la pilule de ce soutien au plan de licenciement massif de la famille Michelin, le gouvernement avait promis, comme chaque fois que se produit ce genre de choses dans le pays « un plan de ré industrialisation de grande importance ». Celui-ci devant, promis, juré, créer des centaines d'emplois nouveaux qui « redynamiseraient le Soissonnais ».
Tout cela n'était que du vent et les effets de la fermeture ont naturellement entraîné d'autres suppressions d'emplois ; la ville s'est appauvrie et les menaces de licenciements dans d'autres entreprises, dans un secteur où le tissu industriel et l'activité économique se délitaient, se sont transformées aujourd'hui en licenciements définitifs. Avec à la clé le désespoir de salariés, qui privés de perspectives, ne serait-ce que de perspectives de lutte collective de l'ensemble des travailleurs, se posent le problème de menacer les pouvoirs publics d'utiliser les possibilités de nuisance chimique accumulée dans leur usine.
Soissons est la victime des méfaits d'un groupe industriel qui a reçu l'appui du gouvernement socialiste. À travers tout le pays des villes sont ainsi sinistrées, à Fécamp en ce moment, dans le nord avec Danone à Calais, en Basse-Normandie avec les méfaits de Brandt-Moulinex, et dans combien d'autres villes et régions.
Alors il est urgent de défendre une autre politique que celle de ces gouvernants de gauche et de droite qui mène à la misère et au désespoir, une politique qui ose, avec les armes de la classe ouvrière, s'en prendre aux profits et aux richesses accumulées par le grand patronat et ses laquais afin de garantir à chacun un emploi et les moyens de vivre décemment.