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Elections présidentielles
Le gouvernement de Chirac
Pas de surprise dans la composition du gouvernement désigné par Chirac et présidé par Raffarin : il est à l'image de la politique annoncée par Chirac avant le premier tour de la présidentielle, et réitérée par lui sur tous les tons depuis le 21 avril. On y trouve des hommes, et quelques malheureuses femmes, tous bien ancrés à droite, et un grand patron. Et Chirac peut d'autant plus choisir de s'entourer de ses fidèles, sans se sentir obligé en quoi que ce soit vis- à-vis des partis de la gauche gouvernementale qui ont dégagé tous les obstacles que le futur président aurait pu rencontrer, transformant le chef de clan Chirac en « sauveur de la République».
Les deux hommes liges de ce gouvernement semblent être Sarkozy et Mer. Sarkozy est promu ministre de l'Intérieur, rebaptisé pompeusement ministre de la Sécurité intérieure, pour l'esbroufe et les artifices en vue de charmer l'électorat bien ancré à droite et qui lorgne vers l'extrême droite, et même si possible l'électorat lepéniste lui-même. Sarkozy s'est refait une santé politique dans la dernière période, en occupant le créneau selon lequel il faudrait «une droite sans complexe devant ses valeurs». On peut donc s'attendre dans les prochaines semaines au déploiement et à l'exposition à grande échelle de policiers et de gendarmes montrés au bon peuple. Seulement les préjugés racistes et xénophobes qui gangrènent cette police peuvent faire craindre que tout cela ne se fasse pas sans frais pour les populations des cités les plus déshéritées.
Mais, pour en venir au vif du sujet, il y a la nomination de Mer au ministère de l'Economie et des Finances. C'est plus qu'un symbole, c'est un programme à lui tout seul. Ce grand patron de la sidérurgie vient de mettre sur pied le premier groupe mondial du secteur, Arcelor, en ayant en quinze ans licencié cent mille salariés sur les cent soixante mille que comptait la sidérurgie. Il a transformé en désert économique des régions entières à travers le pays, régions où se sont développées jusqu'à aujourd'hui la grande pauvreté et la misère matérielle et morale de populations ouvrières laissées à l'abandon.
Mais Mer est un « grand patron » pour les dirigeants politiques (y compris ceux de la gauche gouvernementale) car il a su rendre ses entreprises aussi profitables que possible pour leurs actionnaires, en pillant au passage les fonds publics. C'est aussi un idéologue du patronat et du Medef, investi dans la « refondation sociale » ultra-réactionnaire de ce dernier. Avec lui à l'Economie et aux Finances, pas besoin de s'interroger sur les choix qui seront faits. Ce seront, franchement et débarrassés de l'hypocrisie dont les entourait la gauche gouvernementale, les choix voulus par le grand patronat.