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Politique
Chirac xénophobe
Votez pour Chirac serait le moindre mal assure la presse et les partis démissionnaires de la gauche plurielle. Drôle de rempart contre l'extrême droite que ce politicien démagogue, en liaison étroite avec le monde des affaires, et qui domine la vie politique depuis près de quarante ans. Il a sans le moindre scrupule, à maintes reprises, et continue encore aujourd'hui de développer une surenchère sur l'insécurité et l'immigration, qui est encore dans bien des mémoires.
Quand dans un de ses récents meetings, à Rennes, le 23 avril, il affirme qu'il aurait fallu « être tout à fait sourd pour ne pas entendre ce que disent les Français », au premier tour, il s'adresse en premier à l'électorat du Front National. « Depuis des mois, je vois, comme vous, ces actes de violence, de délinquance, ces actes criminels. Cette situation s'est petit à petit aggravée et a dépassé les limites acceptables par les Français ». Comme si les Français [et le mot est délibérément choisi] étaient les seules victimes de la délinquance et de la violence qui se développent dans les banlieues et les quartiers populaires ? Toute la population laborieuse d'origine étrangère ou non, dans sa très grande majorité, vit dans ces quartiers depuis des
décennies, subit au quotidien cette petite et grande délinquance qui se nourrit du chômage et prospère sur le terreau de la misère.
Chirac fait, une fois de plus, l'amalgame entre immigration et insécurité. Le fond de sa pensée apparaît quelques phrases plus loin dans le même discours lorsqu'il prétend qu'il y a « un problème d'immigration en France, qui devra être traité de façon privilégiée au niveau européen parce que c'est à ce niveau-là qu'il se situe en réalité et qui suppose, d'ailleurs, des mesures également intérieures ».
Le message est clair. C'est son je vous ai compris à l'intention de l'électorat lepéniste. Chirac veut renforcer les centres de rétention qui, au demeurant, existent déjà (ce que Le Pen appelle lui des camps d'internement), à Bobigny, à Roissy, dans la région parisienne, ou à Arenc à Marseille. Un tract distribué par le RPR, intitulé « Insécurité, la France perd ses repères » (le titre s'inscrit sur fond d'une main noire menaçante...), n'a rien à envier à la pire propagande du Front National. Il détaille les mesures sécuritaires proposées par le parti de Chirac. On y apprend que « dès le mois de mai, le président de la République présidera lui-même le Conseil de sécurité intérieure. Un grand ministère de la Sécurité intérieure coordonnera l'ensemble des forces de sécurité (police et gendarmerie) ».
Nicolas Sarkozy, que l'on présente déjà comme Premier ministre, répète sur tous les tons et à qui veut l'entendre que le futur gouvernement mènera une vraie politique de droite, encore plus à droite que par le passé. Chirac mènera, en effet, une politique d'autant plus réactionnaire et antiouvrière qu'il aura les coudées franches, fort du plébiscite du 5 mai prochain. Ses premières attaques seront dirigées contre le monde du travail et, en particulier, contre sa partie la plus vulnérable, sa fraction immigrée.