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Dans les entreprises
La Poste : Fermeture programmée des foyers de postiers
" Zéro SDF dans cinq ans "... dans cinq ans, la plupart auront oublié ces fanfaronnades électorales du candidat Jospin. Par contre, c'est bien sous les yeux du Premier ministre Jospin que La Poste s'est lancée, depuis janvier, dans la vente de ses foyers, mettant en péril le logement de nombreux postiers.
Cela s'intègre dans une politique plus générale de La Poste, qui s'est mise à brader son patrimoine immobilier (qui soit dit en passant représente l'équivalent de l'immobilier de la ville de Grenoble), bradant son secteur social et se lançant dans une politique commerciale, avec une recherche effrénée de financements, de liquidités rapides.
Cela va se traduire par une dégradation de la vie de nombreux postiers. Les foyers de La Poste hébergent en effet les nouveaux arrivants, provinciaux pour la plupart, pour qui ils représentent la seule possibilité de se loger. Et avec un salaire d'environ 1000 euros à leur arrivée, et vu la crise du logement en région parisienne, ces foyers restent plus qu'indispensables !
Dans Paris même, ce sont depuis quelques mois les 16 foyers les mieux situés, et qui pourraient donc rapporter le plus, qui sont les premiers à être touchés par ces ventes.
Ces fermetures ont été décidées de façon assez brutale. La Poste a déjà envoyé des lettres de mise en demeure à un quart de ces résidents, pour les dates du 1er et du 30 avril. Et cela n'est qu'un début, alors que les perspectives de relogement sont très faibles. La société qui gère le 1 % patronal n'a toujours pas de logements à proposer ; certains ont déposé leur dossier depuis déjà deux ans, en vain.
Il est facile d'imaginer les problèmes que ces mises en demeure d'expulsion provoquent. La pression d'un des directeurs de foyer a provoqué le départ d'une de nos collègues dans un centre de l'Armée du Salut. Un autre a trouvé une solution provisoire dans un foyer Sonacotra. Ceux qui trouvent finalement des logements le font dans l'urgence, à des prix prohibitifs, par exemple 500 euros pour des logements insalubres. Ces premières " solutions " trouvées ont de quoi nous inquiéter tous. La plupart n'acceptent pas cette situation.
Nous nous sommes réunis le lundi 17 mars à une bonne quarantaine, et nous avons, résidents et militants syndicaux présents, formulé l'exigence de " l'arrêt de toutes les pressions envers les résidents visant à leur faire quitter les foyers sans proposition de logement, le maintien du nombre de foyers, des logements sociaux à prix abordable, près du lieu de travail, afin de tenir compte des bas salaires et des horaires des postiers ".
Depuis, nous nous sommes rassemblés à plusieurs reprises. Lundi 25 mars nous étions 80, afin d'informer l'ensemble des postiers par le biais de pétition et de diffusion de tracts... Nous savons que cette lutte ne fait sans doute que commencer : ce ne sont pas les réponses que nous ont fournies la Délégation d'Ile-de-France de La Poste qui vont nous rassurer : tout en faisant la promesse vague qu'elle n'expulserait personne, qu'elle nous relogerait en " chambre double " si nécessaire, elle a quand même réussi à nous dire que nous mettions de la mauvaise volonté dans nos recherches de logements.
Belle illustration de la politique, en matière de logement, d'un des ministères du gouvernement Jospin... et nouvelle illustration de la politique générale de La Poste en vue de la privatisation.