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Fermeture de lits d'hospitalisation psychiatrique : Un système de santé en voie de démolition
Malgré la campagne électorale, Guigou et Kouchner, ministre et sous-ministre responsables de la santé, continuent à réduire les moyens pour la santé publique. En Picardie, c'est au pas de charge que la représentante du gouvernement, la directrice de l'Agence régionale de l'hospitalisation, a fait connaître son projet de " carte sanitaire de la psychiatrie " pour la période allant de 2002 à 2007, et qu'elle a fait organiser en quelques semaines les consultations obligatoires.
La mise en place de cette carte sanitaire, qui détermine le nombre de lits d'hospitalisation autorisés, aboutirait en particulier, dans l'Oise, à la fermeture de plusieurs centaines de lits (au moins deux cents) et donc à la diminution d'au moins 20 % des places disponibles pour les malades. Cela voudrait dire la suppression de plusieurs centaines de postes de personnels soignants et autres, et cela voudrait dire aussi laisser à la rue chaque année des milliers de personnes sans soins et sans prise en charge.
Cela aurait lieu, comme à chaque fois, sous le couvert de " développer les alternatives à l'hospitalisation ". La formule est totalement déplacée et cynique, car aucun moyen, pas même un centime, n'est attribué pour créer la plus petite des structures d'accueil décentralisée, avec le personnel compétent, permettant d'accueillir les malades relevant d'une prise en charge psychiatrique.
Cette politique de destruction du système de soins, pour pouvoir piller tranquillement les budgets de santé alimentés par les assurés sociaux, est une politique nationale, revendiquée haut et fort par Kouchner il y a encore quelques mois, à son retour au ministère. Elle a déjà eu ses effets désastreux dans la région parisienne où quelque 1700 lits (46 % du total) ont été fermés en dix ans, transformant en SDF bon nombre de malades mentaux. D'ailleurs l'hôpital psychiatrique de Clermont-Fitz-James, dans l'Oise, reçoit souvent des demandes d'hospitalisation urgente et lourde venant de la région parisienne, où il n'y a plus de places disponibles.
Le seul imprévu dans la course à la ratification de ce projet est ce qui s'est passé lundi 25 mars au Comité régional d'organisation sanitaire, chargé de donner un avis sur la carte sanitaire proposée par le gouvernement. A cette réunion, seuls trois membres sur vingt-deux de cette assemblée ont approuvé le projet, suivant en cela les oppositions déclarées des représentants de l'hôpital psychiatrique de l'Oise et du conseiller régional Lutte Ouvrière qui y siège. Certes, cet avis n'est que consultatif et la représentante du gouvernement peut passer outre, mais c'est l'expression d'un mécontentement latent du personnel des hôpitaux, y compris des directeurs d'hôpitaux, ainsi que des divers milieux médicaux et des administrateurs divers face à la politique criminelle du gouvernement dans le domaine de la santé.
Il faudra bien que les personnels et la population s'en mêlent pour garantir, en psychiatrie comme pour les autres domaines de la santé publique, une prise en charge des malades digne de notre époque.