Les retraités allemands sont imposés différemment, selon qu'ils viennent du secteur public ou du secteur privé. Les premiers paient des impôts sur leur pension de retraite, alors que les seconds en sont pour l'essentiel exemptés, parce que les cotisations qui les alimentent ont déjà été soumises à l'impôt sur le revenu.

Un fonctionnaire retraité, voulant faire exonérer aussi les retraites de la fonction publique, avait saisi la Cour constitutionnelle. Fervents partisans de l'égalité, les magistrats de cette Cour ont décidé... d'imposer aussi les retraites du privé.

Cette décision ne va pas entrer en application de but en blanc. D'abord parce que le gouvernement socialistes-Verts se trouve à six mois d'élections législatives. Il vient d'instaurer un système de compléments de retraite par capitalisation (largement exonérés d'impôt) et ne tient pas à se charger d'un handicap supplémentaire.

Quoi qu'il en soit des réticences ou des hypocrisies du gouvernement Schröder, la décision de la Cour constitutionnelle allemande est révélatrice : diminuer le montant des retraites en leur faisant supporter plus d'impôts, et favoriser les fonds de retraite par capitalisation, tels sont les projets qui sont dans l'air, inspirés bien sûr par le patronat.

On croirait entendre les dirigeants du Medef, les gouvernants socialistes français et les chefs de la droite.