Avec le vote pour Arlette Laguiller, leur faire craindre le monde du travail15/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1755.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Avec le vote pour Arlette Laguiller, leur faire craindre le monde du travail

Les propos que tiennent ceux que l'on nous présente comme les " principaux candidats " à l'élection présidentielle se ressemblent décidément beaucoup. Jospin a annoncé en septembre dernier que son gouvernement allait diminuer les impôts qui frappent les plus riches. Chirac promet de faire encore mieux. Il annonce qu'il faut régler le problème des retraites, ce qui signifie diminuer encore le montant de celles-ci, et augmenter le nombre de trimestres de cotisation nécessaires pour prendre sa retraite à taux plein. Jospin annonce de son côté que s'il est élu ce sera l'une de ses principales préoccupations.

C'est que la politique de la droite et celle de la gauche gouvernementale - tous les travailleurs ont pu s'en rendre compte depuis des années - sont pour l'essentiel identiques. La droite dit les choses plus crûment, la gauche plus hypocritement. Mais le résultat est le même. Ces gens-là sont interchangeables. Au point que celui que l'on nous présente comme le " troisième homme ", l'ancien ministre de Jospin qu'est Chevènement, peut sans avoir l'air de se renier aller pêcher des soutiens et des électeurs aussi bien dans la gauche que dans la droite la plus réactionnaire.

Alors, comme Chirac et Jospin doivent bien essayer d'apparaître différents aux yeux des électeurs, les deux camps en sont réduits aux petites phrases, gagne-pain des journalistes. Les partisans de Chirac reprochent à Jospin de manquer de chaleur humaine. Ceux de Jospin se moquent de son âge et de la fatigue supposée de Chirac. Mais ni l'un ni l'autre ne parlent de leurs projets exacts en ce qui concerne les problèmes de la population laborieuse, c'est-à-dire les licenciements, les horaires de travail ou le niveau des salaires.

Dans ce contexte, la montée d'Arlette Laguiller dans les sondages (même si ce ne sont que les résultats de sondages, et non ceux de l'élection) donne des boutons à tous ceux, représentants du patronat, hommes politiques à son service, journalistes à sa dévotion, pour qui le système capitaliste (parce qu'ils en tirent bénéfice) est le meilleur possible.

On a même pu voir lors d'un débat télévisé un journaliste s'en prendre hargneusement à Arlette Laguiller en l'accusant d'être " pour la dictature ". La preuve, selon lui, c'est qu'elle se prononce pour que les élus puissent être révoqués par leurs électeurs, s'ils ne tiennent pas leurs engagements... Pour ce journaliste, patron de presse de surcroît, et pour ses semblables, les électeurs n'ont rien à dire, qu'à attendre les élections suivantes si ceux pour qui ils ont voté font, une fois élus, le contraire de leurs promesses ; ou bien si ces élus puisent dans les caisses publiques.

Mais cette hostilité de certains vis-à-vis de notre camarade, qui se manifeste dans de nombreux organes de la presse antiouvrière, ne fait que conforter les militants de Lutte Ouvrière. Si l'écho des idées que défend notre camarade grandit, comme semblent l'indiquer les sondages, tant mieux. Si nous gênons tous ceux qui voudraient bien se livrer leurs joutes électorales sans même que soient évoquées les préoccupations des travailleurs, tant mieux encore. Et la seule chose que nous pouvons souhaiter, dans l'intérêt de l'ensemble de la population laborieuse, c'est que le résultat des élections confirme, et au-delà, ce que disent actuellement les sondages en ce qui concerne Arlette Laguiller. Car plus les voix qui se porteront sur elle seront nombreuses, plus le patronat et les politiciens à son service craindront le monde du travail. Et plus aussi cela contribuera à redonner confiance dans leur puissance, s'ils s'unissent, aux nombreux travailleurs désorientés par la politique menée au cours de ces vingt dernières années par les différents gouvernements qui se disaient de gauche.

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