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- Lutte ouvrière n°1754
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Leur société
"L'impôt saigne le malheureux" (L'Internationale)
Le simple examen des chiffres fait apparaître qu'aujourd'hui, en France, contrairement aux mensonges ressassés à longueur de journée sur les ondes, les plus riches payent une petite part de l'impôt et que ce sont, et de loin, les moins fortunés, qui sont l'immense majorité, qui en supportent le poids essentiel. Ainsi les derniers chiffres disponibles permettent de voir à peu près ce qui est payé spécifiquement par le patronat et les classes riches d'un côté, par la totalité de la population de l'autre, et en s'interrogeant ensuite sur l'impôt sur le revenu restant.
En 1999, on pouvait évaluer ainsi, approximativement, le montant des impôts, y compris les impôts locaux, spécifiquement payés par les possédants de quelque taille qu'ils soient.
- impôt sur les sociétés 229,35 milliards de francs ;
- impôt sur la fortune 14,5 milliards de francs ;
- taxe professionnelle 181,6 milliards de francs ;
- foncier non-bâti 7,5 milliards de francs.
Soit un total de 433 milliards de francs, auxquels quelques dizaines de milliards de prélèvements très particuliers pourraient être au plus ajoutés.
Et quand on parle d'impôts " supportés " par les possédants, il faut moduler cette expression car pour l'essentiel, à part l'impôt sur la fortune, une grande partie de cette imposition est imputée sur les charges des entreprises, et n'est au pire qu'un manque à gagner.
L'ensemble de la population, elle, face à cela doit supporter :
- la TVA 681,24 milliards de francs ;
- la TIPP (taxe sur l'essence) 167,4 milliards de francs ;
- la taxe d'habitation 73,2 milliards de francs ;
- les taxes sur le foncier bâti : 110, 6 milliards de francs.
Soit un total de 1032 milliards, dont une très petite partie correspond aussi à des impôts payés par les plus riches. Et pour le reste ni les salariés, ni les retraités, ni les chômeurs n'ont le moyen de soustraire ces impôts de leurs charges générales pour faire vivre leur famille.
Reste le problème de l'impôt sur le revenu, qui représente une rentrée de 322,8 milliards de francs. Cinquante pour cent des ménages, les plus démunis, ne le payent pas. Mais là encore la très grosse partie en est assurée par les impôts de millions de salariés, qui sont loin d'être des nantis. Et quand Jospin a fait bénéficier dans le passé les tranches les plus hautes de dégrèvements spécifiques, cela s'est traduit par des dizaines de milliers de francs de diminution d'impôts pour chaque famille à hauts revenus, pendant que la prime à l'emploi a rapporté, ces derniers mois, quelques centaines de francs aux salariés des familles qui en ont bénéficié. L'égalité à la mode socialiste entre les riches et les pauvres obéit décidément au principe du pâté cheval-alouette : un cheval pour les plus riches, et une alouette pour les pauvres.
Seulement il n'est pas dit que les travailleurs de ce pays ont envie de se contenter du " mouron pour les petits oiseaux ".
Ajoutons à propos des 229,35 milliards de francs d'impôts sur les sociétés (inégalement répartis entre grandes et petites, car il y a plus de deux millions d'entreprises dans le pays, dont une immense majorité de petites) que, en contrepartie, les plus grosses trustent l'essentiel des 300 milliards d'aides publiques aux entreprises.
Alors les discours en matière de fiscalité de tous ces candidats agents du grand patronat, repris bien souvent comme argent comptant par des journalistes complaisants, sont des mensonges éhontés qui transparaissent dès qu'on regarde les chiffres.