- Accueil
- Lutte ouvrière n°1754
- Airborne Mérignac (Gironde) : - Halte aux licenciements !
Dans les entreprises
Airborne Mérignac (Gironde) : - Halte aux licenciements !
Airborne fait partie du groupe Steelcase, un groupe américain spécialisé dans la fabrication de mobiliers de bureaux. Steelcase compte cinq sites en France regroupant 1500 salariés environ. Il y a deux ans, Steelcase a " racheté " Strafor et Airborne dont l'activité est similaire, une usine de 170 personnes installée depuis dix ans sur la commune de Mérignac.
A la reprise de Steelcase, une installation en " zone franche " dans le quartier Beaudésert de Mérignac a valu à celui-ci de s'installer à des prix défiant toute concurrence sur un terrain accordé par la mairie socialiste. En outre, des promesses de futur développement économique ont justifié les subsides de l'Etat. Pourtant, depuis deux ans, Airborne n'a pas embauché.
Déjà en 1991 et 1992, deux plans de licenciements ont mis 200 personnes sur le carreau sur un effectif de 370 environ, soit plus de la moitié du personnel : un lourd passif social...
Depuis l'annonce le 10 décembre dernier de la cessation d'activité du site d'Airborne, parce que " non rentable ", de la part de Steelcase (bénéfice du groupe annoncé pour l'exercice 2001, trois milliards de dollars !), les élus du CE ont déclenché le droit d'alerte.
Les pouvoirs publics ont été contactés. Ceux-ci, notamment le député-maire et certains élus socialistes, se sont émus de la méthode " expéditive " et ont condamné l'attitude de la direction, promettant aux salariés de les recevoir.
Une délégation de salariés a en effet été reçue, un adjoint au maire a promis un comité de surveillance, dans le " souci " de sauver l'emploi et d'industrialiser le site.
Mais pendant les discours, la direction, elle, continue son opération de liquidation et fait visiter le site à d'éventuels repreneurs sans en informer qui que ce soit.
Les élus de l'intersyndicale ont pensé qu'une démarche juridique était indispensable pour démontrer que Steelcase a programmé ces licenciements pour les seuls intérêts du groupe.
Les élus du CE, soutenus par l'ensemble du personnel, ont donc refusé de siéger aux réunions prévues pour le projet de cessation, la direction a réagi en assignant ceux-ci en référé dans le but d'accélérer le processus.
Le tribunal a tranché en faveur des salariés pour donner le temps à l'expertise comptable de démontrer ou non la viabilité de l'entreprise.
Ce sont donc deux mois de sursis pour les travailleurs d'Airborne, qui ne sont pas restés sans réaction depuis le 10 décembre : interventions sur le marché de la ville, appels à la solidarité, séquestration du PDG pour l'obliger à dire " ses funestes projets ", envahissement par les travailleurs du CE pour faire remballer son projet à la direction, blocage sur le parking du PDG qui a dû accepter de payer les heures de grève et d'accorder une mutuelle entreprise.
Ils ont également manifesté devant le tribunal et popularisé leur mouvement. Les membres de la direction ont eu un badigeonnage " malodorant " de leur porte et sont interdits de séjour dans les ateliers sous peine de quolibets et projectiles " non maîtrisés ! "
Si les salariés attendent sans trop d'illusions l'issue juridique, ils n'oublient pas, loin s'en faut, que la lutte sera déterminante pour contraindre la direction à remiser son projet de licenciements.