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- Lutte ouvrière n°1752
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Leur société
Pour Chirac, le plan Juppé était un malentendu !
Invité à la réunion annuelle du Centre national des professions de santé - une assemblée de représentants de médecins, infirmiers, pharmaciens et autres professions paramédicales - Chirac a renié son propre bébé : le Plan Juppé de réforme de l'assurance-maladie.
En novembre 1995, pour combler le prétendu trou de la Sécurité sociale, Juppé, alors Premier ministre de Chirac, avait, entre autres mesures, allongé la durée des cotisations nécessaire pour avoir droit à une retraite pleine, augmenté la CSG (Contribution sociale généralisée), créé la CRDS (Contribution au remboursement de la dette sociale). Chirac n'a rien désavoué de ces coups durs portés au niveau de vie des salariés et qui avaient provoqué les grèves de décembre 1995.
Par contre, il est revenu sur la "maîtrise comptable des dépenses de santé", un arsenal de mesures destinées à diminuer les dépenses de l'Assurance maladie. Parmi celles-ci, le plan Juppé a introduit la fixation d'une enveloppe financière annuelle, votée par le Parlement, correspondant aux dépenses de la Caisse d'assurance maladie. En conséquence, les médecins doivent limiter le nombre de consultations et de prescriptions de manière à ne pas faire exploser le budget. Faute de quoi des sanctions financières collectives leur sont appliquées dans les régions où l'objectif est dépassé. Ce fut, dit aujourd'hui Chirac, "un très grave malentendu" dont il aurait "mesuré depuis longtemps les enseignements".
Il paraît en effet que, au printemps 1997, des médecins s'en sont souvenus et que leurs voix furent parmi celles qui manquèrent à la droite pour avoir la majorité à l'Assemblée nationale après la dissolution de celle-ci par Chirac. Alors aujourd'hui, celui-ci fait assaut de démagogie et de séduction envers le corps médical. "J'ai entendu votre appel" dit-il. "La page des sanctions collectives doit être définitivement tournée".
Et de promettre, "d'investir massivement dans la santé", de "revaloriser les honoraires des médecins", de "définir le budget de l'assurance maladie en fonction d'une maîtrise médicale des dépenses de santé", c'est-à-dire en ayant pour objectif la santé et non pas la rentabilité, d'aller encore plus loin que la CMU (la Couverture médicale universelle) qui permet aux plus pauvres de se faire tout de même soigner, etc.
À gauche, Guigou est agacée : "Toutes les propositions concrètes (que promet Chirac) nous les faisons aussi". Elle tente de reprendre la main. N'est-elle pas en train de mettre en place "une réforme qui va tourner définitivement le dos au plan Juppé de maîtrise comptable des dépenses de santé" et qui consistera à dire aux médecins "il n'y aura plus jamais de sanctions financières. On vous propose au fond une maîtrise médicalisée des dépenses". Dur, dur de se distinguer, dans ces périodes de surenchères électorales.
Une chose est sûre, ni les uns ni les autres ne proposeront de faire boucher le trou de la Sécurité sociale par ceux qui l'ont creusé : le patronat qui a exercé une pression incessante pour la baisse des cotisations sociales patronales et qui a été entendu depuis des années tant par la droite que par la gauche.