René Teulade, ancien ministre socialiste des Affaires sociales, a été mis en examen pour " abus de confiance ". Il lui est reproché d'avoir bénéficié pendant huit ans d'un appartement et d'une voiture de fonction auxquels il n'avait pas droit, ainsi que d'indemnités qui n'avaient pas été approuvées par l'assemblée générale de la Mutuelle.

Teulade proteste évidemment de son innocence, tout comme les autres inculpés dans cette affaire : le président, le vice-président et le secrétaire général de la Mutuelle, rien que du beau linge ! Pour leur défense, ils affirment que ces avantages sont " normaux " mais qu'ils ont " négligé " pendant des années de les faire approuver officiellement. Il ne s'agit donc pour eux que d'une faute " purement formelle ".

Le pire, c'est qu'il est sans doute de bonne foi. Car dans ce petit monde politicien, ces pratiques sont monnaie courante, à droite comme à gauche.

Un appartement situé rue de Solférino dans un beau quartier de Paris et une voiture de fonction, ce sont évidemment des avantages " purement formels ", des détails auxquels on n'a pas toujours le temps de penser. Un autre cadre de la Mutuelle occupait, lui, un appartement de 176 mètres carrés rue du Louvre, au centre de la capitale, pour un loyer de 2 434 francs mensuels, bien moins que pour un F3, voire un F2 dans la banlieue parisienne. Quand on donne " beaucoup de son temps à la cause mutualiste " comme le dit l'avocat d'un des inculpés, est-ce qu'on se soucie de sommes aussi ridicules ? Non, bien sûr. Mais on n'oublie pas d'en profiter. Car en paraphrasant un commandement connu, conscience mutualiste bien ordonnée commence par soi-même.