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- Lutte ouvrière n°1751
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Leur société
Toulouse - Les pouvoirs publics mis en échec - Le bâtiment B de la cité du parc ne sera pas détruit
A la suite de la catastrophe AZF, le bâtiment B de la Cité du Parc a été évacué par la force publique et la mairie, après avoir fait procéder à des déménagements sommaires, l'a muré. Alors que Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d'Etat au Logement, et Françoise de Veyrinas, maire-adjointe de Toulouse, ont déclaré que ce bâtiment devait être détruit, l'assemblée générale des copropriétaires a voté le principe de sa réparation.
108 appartements ont été évacués, l'explosion de l'usine AZF ayant fait éclater la plupart des murs de briques les séparant. Le relogement des familles s'est fait dans de très mauvaises conditions et aujourd'hui la plupart vivent dans des mobile-homes à la périphérie toulousaine dans des conditions extrêmement précaires.
Au fil du temps, la Cité du Parc était devenue un refuge pour des familles, notamment immigrées, dont les dossiers étaient refusés par les HLM, parce qu'elles avaient des revenus insuffisants, et à cause d'un manque de grands logements pour des familles nombreuses.
Les pouvoirs publics ont tout de suite vu le parti qu'ils pourraient tirer de la situation : détruire une barre pour faire un exemple, et montrer à l'opinion qu'ils agissaient contre la montée de l'insécurité. Un conseiller municipal délégué a même déclaré à une association du quartier que " depuis que le bâtiment B était muré, la délinquance avait baissé dans le quartier" . Depuis, sommé de s'expliquer, il a affirmé qu'on l'avait mal compris, et qu'il avait dit que, " depuis qu'il y avait moins de monde, il y avait moins de bruit ! "
C'est démagogique et parfaitement inefficace : on ne détruit pas la misère en détruisant un immeuble. Cela ne fait que déplacer le problème, et souvent pas bien loin. Les mêmes causes créant les mêmes effets, sans changement économique et social, les familles évacuées transporteront leurs problèmes avec elles.
La volonté de détruire ce bâtiment a été très mal prise par de nombreux habitants, qui justement s'étaient organisés pour répondre collectivement aux problèmes d'insécurité et de voisinage.
Voir des élus affirmer, comme Françoise de Veyrinas, ex-ministre à la Ville de Juppé, que " le bâtiment allait être détruit parce qu'une majorité de copropriétaires le souhaitaient " est choquant, alors justement que ces gens-là ne demandent jamais l'avis des habitants.
Finalement, l'assemblée générale des copropriétaires a eu lieu, avec pour seul point à l'ordre du jour : faut-il réparer ou détruire le bâtiment ? Or deux rapports d'expertise concluaient que la structure n'avait pas bougé et que le bâtiment était réparable. Les propriétaires occupants savent bien que la meilleure indemnisation ne leur permettrait jamais d'acheter un autre logement. Les plus déterminés ne veulent pas bouger : " J'avais un appartement dans lequel j'étais bien, Total me le massacre, je ne veux pas d'argent, je veux que Total me le reconstruise à l'identique !" Et c'est par une majorité des trois quarts que le principe de la réparation a été adopté, malgré diverses manoeuvres des représentants de la mairie pour empêcher le vote.
Cependant il va y avoir encore bien des obstacles avant que les habitants puissent retourner dans leurs murs. Mais une étape importante a été franchie, et c'est très bon pour le moral !