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Argentine : Un nouveau plan d'austérité
Depuis le 11 février, le cours du peso argentin, qui était aligné sur le dollar depuis 1991, mais avait perdu sa parité d'un peso pour un dollar au début de cette année, est désormais flottant. Coulant, pourrait-on dire,. au vu des premières fluctuations du peso. C'est l'un des volets du nouveau plan d'austérité mis en place par le péroniste Eduardo Duhalde.
Toute la semaine écoulée, les représentants du gouvernement argentin ont été en négociation avec les représentants du Fonds Monétaire International pour les convaincre de leur prêter 20 milliards de dollars, en échange de quoi ils laisseraient le peso flotter. Les dirigeants du FMI sont partisans d'attendre de voir ce que donnera le peso flottant. Et les représentants argentins sont revenus bredouilles.
Le 12 février, le président Duhalde a fait une déclaration optimiste, pour expliquer que le peso flottait comme prévu et que sa valeur, pour un dollar, variait seulement entre 1,40 et 1,70 peso. Ce sont les paroles officielles. En réalité, le dollar se négociait entre 2 et 2,10 pesos. Dès le premier jour de la mesure gouvernementale, le peso subissait donc cette décote de 50 %.
Cette orientation monétaire satisfait les entreprises exportatrices, parmi lesquelles on compte des groupes capitalistes argentins très puissants, comme Perez Companc et Techint, par exemple.
En revanche, cette nouvelle dévaluation du peso, dont on ne peut dire aujourd'hui jusqu'où elle ira, ne peut qu'entraîner une nouvelle aggravation de la vie des masses populaires argentines, déjà très éprouvées. Les salaires, le treizième mois de ceux qui conservent un emploi sont en retard de paiement. Il en est de même pour les pensions des retraités.
Et qu'a prévu le gouvernement pour empêcher le dérapage des prix ? Il a fait promettre aux groupes de la distribution alimentaire de ne pas augmenter les prix tant que la monnaie ne se sera pas stabilisée. C'est si peu efficace que, dans les quinze jours qui ont précédé le flottement du peso, on a noté des augmentations des prix de 20 à 30 % sur des aliments de première nécessité comme la farine et le lait.
D'autre part, les restrictions bancaires très impopulaires, notamment chez ceux qui ont la chance d'avoir des économies et qui ne peuvent tirer tout l'argent qu'ils souhaitent, si elles sont un peu assouplies, sont cependant maintenues.
Pour ne pas être victimes de la dépréciation des prix, les travailleurs et les masses pauvres d'Argentine ne peuvent compter que sur leur mobilisation. Mais certainement pas sur le gouvernement, même s'il prétend avoir compris les manifestants, ni à plus forte raison sur un patronat bien trop occupé à continuer de faire des profits.
Des chômeurs, des jeunes, des mères de famille avec leurs enfants, venus de différentes localités, ainsi que des retraités d'un Mouvement indépendant de retraités, dont le dirigeant est actuellement en prison pour avoir manifesté contre le précédent président, ont bloqué les accès routiers de la capitale fédérale, Buenos Aires, pendant toute une journée. Les manifestants entendaient exiger l'application d'une promesse de l'ex-président Rodriguez Saa, qu'Eduardo Duhalde s'est gardé de reprendre : celle de créer immédiatement cent mille emplois, et au total un million d'emplois.
Entre les exigences des classes possédantes, nationales ou étrangères, et celles de la population, le gouvernement du président Duhalde est coincé et contraint à jouer les équilibristes.