Le mardi 29 janvier, à l'usine Peugeot de Mulhouse, alors qu'un cariste chargeait de palettes un camion de la GEFCO, société de transport Peugeot, une pile de six palettes est tombée du fenwick sur le chauffeur du camion. Celui-ci est décédé peu après. Il avait 57 ans.

Pour tout ouvrier qui a travaillé sur un quai de chargement, on connaît la tension et les pressions qui y règnent. II faut toujours aller plus vite, les camions attendent et devraient être partis avant d'être chargés. C'est à 12 h 30 qu'a eu lieu l'accident, un des moments où la pression se fait la plus forte. A cette heure-là, le cariste était déjà en poste depuis plus de sept heures.

Cette fois, et contrairement à l'accident de la quinzaine passée où un ouvrier avait perdu sa jambe, la direction Peugeot ne peut pas se décharger sur une entreprise sous-traitante. Peu importe, pour elle la fatalité est responsable.

Mais elle veut aussi se protéger de toute mauvaise publicité. C'est ainsi que l'on a pu lire dans le journal local du lendemain, dans un entrefilet de quelques lignes, que l'accident s'était produit à Sausheim, nom peu connu de la petite commune où se situe l'usine Peugeot. "Accident à Sausheim" était déjà le titre dans le même journal du petit article relatant l'accident d'il y a quinze jours et dans lequel à aucun endroit on ne pouvait lire le nom de l'entreprise concernée !

Le journaliste ne pouvait pas faire mieux pour rendre anonyme la plus grosse entreprise de la région et faire qu'on s'y mutile ou qu'on y meure en silence.

Ils n'ont pas la même discrétion pour l'insécurité dans les quartiers !