La Poste tri postal Paris-Bonvin : Une grève pour l'embauche des contractuels08/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une1750.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste tri postal Paris-Bonvin : Une grève pour l'embauche des contractuels

Le personnel du centre de tri postal de Paris-Bonvin, dans le 15e arrondissement, a repris le travail le vendredi 1er février après avoir fait deux semaines de grève pour exiger l'embauche de dix contractuels, renvoyés à la fin de leurs contrats.

Ce centre compte près de 330 postiers. La plupart sont fonctionnaires, sauf en nuit où la direction n'embauche plus que des contractuels de droit privé, le plus souvent en contrat à durée déterminée, parfois pour quelques jours et au plus pour quelques mois. Cela permet à La Poste de les payer moins cher et surtout de leur imposer des horaires dits "atypiques" de 22 h à 6 h pour 7200 F par mois ou pour la majorité d'entre eux de 17 h à 24 h pour 6500 F par mois, à peine mille euros.

C'est justement dans ce secteur que le ras-le-bol a explosé le jeudi 17 janvier au soir quand le personnel de nuit a appris que La Poste voulait mettre en fin de contrat dix de leurs camarades embauchés en contrat à durée déterminée.

Cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Aux horaires dingues et aux salaires médiocres, vient s'ajouter une charge de travail toujours plus importante avec un sous-effectif permanent. La direction, qui nie le manque d'effectifs, fait faire pourtant chaque jour à des volontaires venant d'autres sites en moyenne 180 heures supplémentaires soit l'équivalent de plus de vingt emplois permanents ! Et malgré cela, il y a des restes de courrier non triés pratiquement tous les jours.

Les 80 personnes de l'équipe de nuit se sont donc mises en grève pour exiger l'embauche des contractuels. Le lendemain, après une assemblée générale organisée par les syndicats CGT et Sud, le personnel de jour a suivi et les grévistes sont allés envahir les bureaux de la direction de Paris Sud-Ouest pour y exprimer leur colère. Les directeurs présents ont alors répondu, non seulement qu'ils ne voulaient pas embaucher mais que, d'après eux, il y aurait encore trop de monde ! Et leur seule concession a été de proposer aux contractuels non repris de passer des tests écrits et oraux afin de retrouver, peut-être, un emploi dans un autre centre. Les grévistes, eux, estimaient évidemment que leurs camarades avaient largement fait leurs preuves et que c'était sur place qu'ils avaient besoin d'eux.

L'attitude provocante de la direction n'a fait que renforcer la détermination des grévistes, notamment en nuit, et la grève a été reconduite en assemblée générale.

Après quatorze jours de grève, ce n'est que le vendredi 1er février que les grévistes ont suspendu leur mouvement, pensant qu'à quatre-vingts, isolés, ils ne réussiraient pas à faire plier la direction. Mais la direction aurait tort de se réjouir : La Poste espérait, en embauchant des contractuels avec des statuts précaires, avoir moins de conflits sociaux, et les grévistes ont montré ce dont ils étaient capables et qu'il n'en est rien. Et certains d'entre eux ont conscience que la politique de recherche de rentabilité maximum de La Poste prépare d'autres conflits comme ceux qui avaient lieu en même temps que le leur, par exemple à Paris, au bureau du Louvre ou au centre de tri de La Chapelle. Les liens tissés pendant le conflit seront bien utiles pour les luttes à venir car, pour imposer d'autres choix, il faudra être tous ensemble et plus nombreux.

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