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- Lutte ouvrière n°1749
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Dans les entreprises
Continental (Oise) : - Une lettre d'avertissement... au patron
Depuis le début de l'année, chez Continental, usine de fabrication de pneus de près de 1 000 ouvriers située dans une petite commune près de Compiègne, dans l'Oise, les chefs font pression pour produire davantage, provoquant du coup des réactions.
Dans un des ateliers, aux Tringles, les ouvriers ont réagi aux convocations répétées de chefs, convocations dont le motif était toujours le même, une production soi-disant insuffisante. Chaque ouvrier convoqué ayant reçu une lettre d'avertissement, l'idée a germé de faire pareil et d'écrire une lettre d'avertissement au chef de production et au chef d'équipe, sur le même modèle. Une fois la lettre écrite, les ouvriers ont donc " convoqué " lesdits chefs dans leur salle de repos, pour remettre cette lettre. Les réactions du chef à sa lecture ont de quoi faire rire : il a d'abord déclaré que c'était " illégal ", puis qu'il était d'accord pour " se remettre en cause ". Cela a été aussi l'occasion pour tous les ouvriers présents de dire ce qu'ils avaient sur l'estomac, pendant une demi-heure, demi-heure qui finalement sera payée.
En fait, cela fait quelques semaines qu'il y a, un peu dans tous les ateliers, des petites réactions du même genre. Ainsi avant les fêtes la direction, parce qu'il y avait soi-disant une baisse de production, a décidé de fermer dix jours, dix jours de chômage technique. Comme les pressions se faisaient nombreuses pour que les ouvriers prennent plutôt sur leurs congés payés, ceux-ci ont débrayé. Un de ces débrayages a même regroupé 250 ouvriers d'une équipe, ce qui ne s'était pas vu depuis longtemps, et là aussi la direction a dû venir s'expliquer sous les quolibets des ouvriers présents.
Comme partout, l'exploitation s'aggrave. Le patron ne veut que des ouvriers capables de travailler le plus vite possible. C'est pourquoi elle essaie aussi de se débarrasser régulièrement de ceux qui sont handicapés. Encore récemment, elle s'en est prise à des travailleurs handicapés, pour la plupart à la suite d'accidents du travail. Et une des façons de parvenir à se débarrasser de ces camarades, c'est de les enlever de postes dits " doux " et de les remettre sur un poste qu'ils ne pourront pas tenir, et ce avec la complicité du médecin du travail.
Tout cela alimente un mécontentement qui ne se traduit pas par une explosion de colère générale, mais par des réactions de dignité qui ont au moins pour résultat de remonter le moral de l'ensemble des travailleurs.