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- Lutte ouvrière n°1748
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Leur société
Non aux économies sur le dos des enfants
C'est au début du mois de janvier que, traditionnellement, le ministère de l'Education nationale annonce ses projets pour la rentrée scolaire suivante, celle donc de septembre 2002. Et, donc, pour l'enseignement primaire, quelles seront les classes ouvertes ou fermées. Or, cette année encore, au lieu de créer tous les postes nécessaires pour que les enfants puissent étudier dans de bonnes conditions, des classes vont être fermées, pour en ouvrir d'autres ailleurs. On déshabille Pierre pour habiller Paul. Ils appellent cela le redéploiement.
Des académies devront "rendre" des postes au ministère pour qu'il puisse en "créer" ailleurs dans le pays ! Ainsi l'académie d'Amiens, qui s'étend sur la région picarde, devrait rendre 50 postes, ce qui veut dire fermer 50 classes, celle de Lille (c'est-à-dire le Nord-Pas-de-Calais) 89, celle de Nancy-Metz 99.
Le ministère se vante d'avoir créé des postes supplémentaires pour 2002 : 800 dans le primaire, qui s'intègrent dans un plan de création de plusieurs milliers de postes pour l'ensemble de l'Education nationale. Mais les instituteurs et tous ceux qui sont indispensables au bon fonctionnement des écoles, le personnel de service, le personnel d'entretien, mais aussi les parents, savent que cela est nettement insuffisant. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les 14 500 départs à la retraite prévus ne seront compensés que par l'arrivée d'environ 12 000 instituteurs et institutrices.
L'intérêt des élèves n'entre pas dans les calculs du ministère, dont la préoccupation est de faire des économies en fermant des classes, en essayant de ne pas provoquer de remous chez les enseignants, ou chez les parents. Car si les parents se mettent en colère et occupent l'école, l'attitude du ministère est bien souvent de reculer et de fermer des classes là où personne ne proteste.
Le gouvernement justifie ces choix par la réduction des effectifs des enfants scolarisés à tel endroit. Il peut être décidé de fermer une classe sous prétexte que dans une école il n'y a "que" 21 élèves en moyenne par classe. Ces messieurs-dames du ministère raisonnent avec une calculette ! Mais pour ceux qui sont sérieusement préoccupés par l'éducation des jeunes, ça n'est pas comme cela que l'on peut calculer. Les représentants du gouvernement calculent des moyennes par école, définissent des seuils, de façon arbitraire. Ils ne s'inquiètent pas des besoins réels et de ce qui serait nécessaire pour que les enfants progressent, même si cela suppose, dans certains cas, dix élèves dans une classe. Il y a par exemple des enfants des classes populaires qui ne parlent pas encore le français. Alors qu'ils devraient être, plus que les autres, aidés, aucun moyen supplémentaire n'est prévu.
Parmi les classes que le gouvernement décide de fermer, beaucoup sont situées dans des cités et quartiers populaires. Le critère de la diminution d'effectifs, pour justifier la fermeture de classes, est encore plus choquant qu'ailleurs, parce que les besoins sont plus grands.
Les représentants du ministère savent pourtant fort bien que cette diminution d'effectifs est bien souvent provoquée par le fait que certaines familles, pour ne pas laisser leurs enfants dans des écoles qui connaissent le plus de difficultés, obtiennent des dérogations pour les inscrire ailleurs.
Du coup, au final, nombre d'adolescents ne savent ni lire ni écrire, abandonnent leurs études sans obtenir de diplôme : 32,4 % des jeunes de 15 à 24 ans déclarent n'avoir aucun diplôme, pourcentage nettement plus important dans les régions ouvrières.
Cela juge une société. L'éducation des jeunes, en particulier de ceux des classes populaires, devrait y être une priorité.