Faïencerie de Vitry-le-François (Marne) : Emplois menacés, salaires volés !25/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1748.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Faïencerie de Vitry-le-François (Marne) : Emplois menacés, salaires volés !

Sarreguemines Bâtiment, l'entreprise qui possède l'usine de Vitry-le-François (380 salariés) où sont fabriqués des sanitaires et l'usine de carrelage de Sarreguemines en Moselle a déposé le bilan le 21 décembre. Le 8 janvier 2002, le tribunal de commerce de Paris a placé l'usine en redressement judiciaire. Un administrateur a été nommé. Et dans trois mois, s'il n'y a pas de repreneur, c'est la liquidation pure et simple, et le chômage pour les salariés.

Les représentants de la direction parlent de pertes, sans d'ailleurs avancer aucun chiffre. Par contre, ce que nous pouvons contrôler, nous travailleurs, c'est que depuis des années, la production n'a pas diminué. Les cadences ont au contraire augmenté dans tous les secteurs, la direction nous obligeant parfois à travailler six jours sur sept. Le samedi 12 janvier encore, après que le redressement judiciaire été prononcé, la direction a fait travailler en heures supplémentaires dans plusieurs secteurs !

Salaires versés aux cadres mais pas aux ouvriers

Autre scandale : la paye de décembre des ouvriers n'a pas été versée. Elle ne devrait l'être qu'à la mi-février ! C'est évidemment catastrophique. Et pour comble de cynisme, le directeur de l'usine a reconnu que les salaires de cadres (et le sien) avaient bien été versés le 30 décembre. Ce sont donc les mêmes cadres qui viennent ensuite expliquer aux ouvriers que ça va mal, qu'il faut patienter et qui leur proposent d'aller mendier à la mairie ou aux services sociaux.

Les banquiers, eux, ont comme tous les patrons un coffre-fort à la place du coeur. A un travailleur qui demandait un crédit de 4 000 F, il a été réclamé 500 F d intérêts ; intérêts que touchent bien évidemment les actionnaires du groupe qui, cette année, malgré les difficultés, ont eu droit à des dividendes.

Une intersyndicale qui se fait porte-parole de la direction

Côté syndical, FO est la seule section à dénoncer et à s'opposer à toutes les attaques sur les emplois et les salaires, car la CGT de l'usine a malheureusement fait le choix inverse.

Le 7 janvier, jour de la reprise, les délégués CGT ont prêté main forte à la direction pour empêcher un groupe de travailleurs qui faisait un piquet à l'entrée, d'organiser un rassemblement. Le soir, ils ont conclu une alliance avec la CGC, dont le représentant dans l'usine est le cadre le plus détesté des ouvriers. C'est en particulier lui qui s'était illustré l'an passé en agressant violemment la déléguée syndicale FO qui discutait avec des ouvriers de son secteur.

Eh bien, c'est lui que la CGT, pourtant majoritaire au CCE, a choisi comme représentant des salariés, chargé de suivre l'ensemble de la procédure de redressement.

Pour l'instant, la préoccupation concrète de cette prétendue intersyndicale est de dissuader les ouvriers de se rassembler, de réclamer des comptes et le paiement de leur salaire. Un tract signé des Unions locales CGT, CGC-CFDT écrit : "Dans l'immédiat, nous vous demandons, en accord avec votre intersyndicale, de poursuivre votre activité professionnelle NORMALEMENT. Durcir le mouvement dans l'état actuel freinerait l'élan d'un éventuel repreneur." Le patron n'en demande pas plus !

Et pourtant, dans cette atmosphère où domine la crainte, une minorité de travailleurs entend ne pas se laisser intimider, sachant que tôt ou tard la colère des travailleurs explosera. Il faudra alors que les ouvriers aient d autres objectifs que la morne résignation dans laquelle aujourd'hui leurs prétendus représentants veulent les confiner.

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