- Accueil
- Lutte ouvrière n°1748
- Electrocuté, il n'a même pas su qu'il n'atteindrait jamais le paradis auquel il croyait
Leur société
Electrocuté, il n'a même pas su qu'il n'atteindrait jamais le paradis auquel il croyait
A l'entrée du tunnel sous la Manche, le premier drame de l'année a eu lieu dans la nuit du 18 janvier : un caténaire a électrocuté un jeune réfugié, caché sur le toit d'un train, qui tentait ainsi de franchir le tunnel. Juste avant, la gendarmerie avait arrêté des dizaines d'autres réfugiés du camp de Sangatte qui tentaient de monter dans ce train.
Il y a peu, la Croix-Rouge a dénoncé la situation de ce centre "au bord de l'explosion" tant il y a de gens à s'y entasser. Depuis son ouverture en 1999, 35 000 personnes y ont vécu dans l'attente d'un passage clandestin, donc des plus risqués, en Angleterre.
Trois jours après ce nouveau drame, le ministre britannique de l'Intérieur et la ministre française de la Solidarité se sont retrouvés à Londres pour se concerter à propos de Sangatte. En fait, comme il fallait s'y attendre, loin d'eux l'idée de chercher à résoudre ce problème indigne de grands pays riches, ils n'ont fait que se congratuler de leurs actions respectives, une pièce mal jouée pour se dédouaner vis-à-vis de l'opinion publique de part et d'autre de la Manche.
"Il s'agit d'un problème difficile pour le Royaume-Uni" que de faire face à ce flux d'immigrants, a affirmé la ministre de Jospin. Pauvre gouvernement anglais, c'est lui et pas les réfugiés qui est à plaindre ! Le gouvernement français "s'occupe des candidats à l'immigration" a répondu le ministre du travailliste Blair. Autrement dit, citoyens anglais, il n'y a pas de raison de s'émouvoir, le gouvernement français fait ce qu'il faut pour les loger, les nourrir... et les retenir !
Bref, des deux côtés de la Manche, les gouvernements se congratulent et ne trouvent personne d'autre à plaindre qu'eux-mêmes. Et, dans la foulée, ils ont décidé de ne rien changer à la situation dans laquelle ils laissent croupir les réfugiés de Sangatte. La presse ne dit pas s'ils ont pris le thé ensemble !