Ces derniers jours, à l'image de ses exactions perpétrées depuis des mois, le gouvernement israélien de Sharon a assassiné de façon planifiée et froide des Palestiniens, a détruit des maisons, a fait réoccupé par ses chars la totalité de la ville de Toulkarem, censée être sous administration palestinienne depuis 1995, et se prépare, en le revendiquant, à faire exécuter par ses tueurs en uniforme les chefs palestiniens officiels qui lui déplaisent. Tout cela avec la bienveillance affichée des dirigeants des Etats-Unis, qui de leur côté sont obligés de répondre d'accusation de traitements inhumains et barbares à l'encontre des prisonniers afghans déportés sur la base de Guantanamo à Cuba.

C'est le terrorisme d'Etat en action, et il n'est pas moins ignoble que le terrorisme de Ben Laden ou des kamikazes palestiniens lorsqu'ils s'en prennent à la population civile. Mais le terrorisme d'Etat d'Israël et des USA est plus cynique, plus froid, n'a pas l'excuse de l'oppression et dispose des moyens matériels d'une armée moderne sur le pied de guerre.

Certes, les déclarations des Ben Laden et leurs semblables pour tenter de justifier leurs actes criminels ne sont que des prétextes, qui expriment leur mépris pour les populations, quelles qu'elles soient. Il n'y a qu'à voir le prix payé par le peuple afghan et par le peuple palestinien à des milliers de kilomètres de là.

Jusqu'à quel monceau de destruction et de désolation le gouvernement israélien devra-t-il aller pour que ceux qui se proclament la conscience du monde civilisé commencent à s'émouvoir ?

Bush parti défendre, selon lui, la liberté "totale" "sans limites", pour promouvoir "la démocratie et la civilisation", vient de donner l'illustration de ses grands principes. L'image fièrement diffusée par le ministère de la Défense US sur la façon dont il traitait ses prisonniers talibans a provoqué pas mal de protestations. Car on a pu voir les prisonniers les yeux bandés, des gants sur les mains, en situation de privations sensorielles et obligés de rester à genoux. C'est le "malheur aux vaincus" des Romains... 20 siècles plus tard.

La presse britannique, une des plus "va-t-en guerre", s'est sentie obligée de protester en demandant : "Est-ce ainsi que Bush et Blair défendent notre civilisation ?", ou encore : "Que diable faites-vous en notre nom ?"

Et ce n'est peut-être qu'un début, car encouragé par son intervention en Afghanistan, le gouvernement américain a déjà envoyé des troupes aux Philippines pour combattre les indépendantistes du Timor.

Cette civilisation occidentale, c'est en dernière instance des bandes d'hommes armés qui font la loi et imposent, par la terreur, au monde entier, les volontés de la minorité de privilégiés.