"En cette période où nous voyons Ségolène Royal se vanter dans les médias des efforts faits pour scolariser les jeunes handicapés, je voudrais vous raconter comment s'est passée la rentrée d'Aurélie, une jeune fille de 14 ans atteinte d'une maladie génétique qui l'oblige depuis quelques années à se déplacer en fauteuil roulant.

"Accueillie en 6e dans le collège du secteur où elle habite (collège Claude-Monet à Argenteuil), elle y a effectué deux années scolaires (6e et 5e), au cours desquelles quelques aménagements ont été réalisés pour lui permettre de suivre les cours sans trop de problèmes : rampe d'accès à la salle de classe, toilettes aménagées. Des emplois-jeunes se chargeaient de l'accompagnement scolaire.

"Mais à la rentrée dernière, le directeur de ce collège a brusquement refusé d'accueillir Aurélie, alors qu'elle était admise en 4e et inscrite sur les listes des classes. Les prétextes invoqués étaient l'absence d'un aide-éducateur volontaire, l'insuffisance des équipements du collège et, comble de la mauvaise foi, une mauvaise intégration et des absences trop fréquentes ! Le jour de la rentrée, Aurélie s'est retrouvée à l'entrée du collège sans personne pour la prendre en charge pour ses déplacements, les prises de notes, etc. Le directeur n'avait même pas pris la peine de la prévenir !

"La mère d'Aurélie n'a pas accepté cet état de fait et s'est bagarrée pendant des semaines, avec l'aide de quelques professeurs, pour faire reculer le directeur... Mais rien n'y a fait. La seule réponse a été l'envoi de trois lettres d'avertissement pour absences en cours, demandant les motifs de ces absences !

"Début novembre, Aurélie a finalement été inscrite dans un collège spécialisé à Herblay, à une heure de trajet de son domicile (trajet qu'elle fait désormais tous les jours par transport spécialisé). Il semblerait que cela corresponde à la politique actuelle de l'Education nationale qui est de regrouper les enfants handicapés dans quelques collèges spécialisés, même s'ils sont loin de chez eux, plutôt que d'adapter les collèges de leur quartier à leurs handicaps quand c'est possible...

"Dynamique et désireuse de rattraper le temps perdu, il n'a pas fallu longtemps à Aurélie pour se faire une place dans sa nouvelle classe. Ce qui n'empêche pas d'être choqué par tous ces obstacles et humiliations auxquels elle et sa famille ont été confrontées. Entre les beaux discours de Ségolène Royal et la réalité, il y a un gouffre."