Alors que le personnel du Centre hospitalier universitaire de Rennes est en grève depuis le 17 décembre contre les conditions de la mise en place des 35 heures, la mobilisation vient de franchir une nouvelle étape avec la manifestation régionale qui s'est déroulée le mardi 22 janvier, et où près de 5000 agents venus des hôpitaux de la région ont manifesté dans la ville à l'appel des organisations syndicales régionales CGT, CFDT, FO, CFTC et SUD.

Dans tous les établissements, petits et grands, c'est la même chose. Les directions proposent des journées d'environ 7h30 alors que le travail, lui, ne diminue pas ! On comprend dès lors que, faute d'emplois en nombre suffisant, la réduction du temps de travail soit très largement perçue comme une nouvelle menace sur les conditions de travail. La manifestation était dynamique et colorée avec des slogans comme : "45000 emplois, ça ne fait pas le poids, il nous faut ça au moins deux fois". "Pour que les 35 heures ne soient pas un leurre, il nous faut des emplois... et la RTT en journées" "La santé est malade, de l'argent pour la soigner !"

Bien des agents étaient en tenue de travail couverte de badges et de slogans. Sur le parcours, la voie était ouverte par les ambulabciers du CHU venus avec leurs véhicules qui ont déjà participé à plusieurs "sorties" dans la semaine. Gyrophares et sirènes des ambulances contribuent à dynamiser les manifestations et à exprimer la colère d'un personnel hospitalier réputé habituellement plus tranquille.

Devant le bâtiment où siège l'Agence régionale de l'hospitalisation, un solide cordon de CRS nous attendait avec casques et boucliers. Cela a évidemment entraîné une certaine tension. Des oeufs "additionnés" d'éosine ont volé et éclaboussé la façade du bâtiment et le crâne de quelques CRS. De cette journée, tout le monde retiendra surtout la masse des manifestants. Pour beaucoup, c'est du jamais vu pour une manifestation uniquement des hospitaliers. Sur le CHU, la mobilisation a également battu des records avec 52 % de grévistes et 1 000 personnes à la manifestation.

Nous sommes donc revenus bien determinés à continuer la lutte pour obtenir les créations d'emplois qui font cruellement défaut dans tous les hôpitaux !

Nous avons profité de cette journée pour nous adresser, au nom du comité de grève et de l'intersyndicale du CHU, aux autres hôpitaux pour les encourager à se mettre aussi en grève. Dans le contexte actuel, le developpement de la mobilisation dépend en grande partie de la volonté des organisations syndicales d'organiser ou non la suite. La mobilisation en cours montre que le malaise est profond et qu'il est possible de développer un mouvement d'envergure. Ce n'est pas acquis, car aucune des fédérations syndicales ne veut gêner le gouvernement et organiser une réelle riposte. Mais tout peu dépendre de la mobilisation des travailleurs des hôpitaux eux-mêmes.