Douze pensionnaires ont trouvé la mort dans l'incendie d'une maison de retraite à Saint-Bonnet-de-Mure (Rhône), le 2 janvier. Bien sûr, une enquête a été ordonnée par la justice. Les autorités ont fait connaître "leur émotion". Comme à chaque fois, serait-on tenté de dire, une dizaine de cas semblables ayant eu lieu depuis 1989.

Les reportages, notamment télévisés, que ce drame a suscités sur les maisons de retraite ont rappelé de quelle façon cette société traite les personnes âgées.

Dans tel département du Centre, il n'y a qu'un seul établissement public de retraite. Ailleurs, on a vu des locaux de toute évidence inadaptés, des personnes dépendantes étant installées dans des étages sans ascenseur ! Avec, partout, un personnel insuffisant : par exemple, deux aides-soignantes de nuit ayant la charge d'une vingtaine de vieillards. On frémit à l'idée qu'elles devraient les évacuer en urgence... Il suffit d'avoir des vieilles personnes dans son entourage pour savoir que de tels cas ne sont, hélas, pas isolés. Ils reflètent au contraire le manque croissant de moyens dont pâtissent les services publics, pour les personnes âgées et plus généralement pour la majorité de la population.

"Des progrès sont encore à faire en termes d'adaptation des bâtiments, mais aussi de personnel" : c'est tout ce qu'a trouvé à dire la secrétaire d'Etat aux Personnes âgées, qui en a profité pour vanter son plan de financement de moins d'un milliard d'euros (6 milliards de francs) pour les maisons de retraite. Comme si c'était suffisant !

En fait, là où ils existent, les établissements publics de retraite ne sont même pas toujours accessibles aux vieux travailleurs, vu leurs coûts de séjour, ou plutôt vu le montant des retraites. Cela, comme le nombre insuffisant de ces établissements et le manque de moyens matériels et humains dont ils souffrent, est bien révélateur sur cette société. Une société fondée sur la discrimination par l'argent et où les vieux travailleurs, après avoir été exploités durant leur vie active, ne peuvent guère espérer une retraite décente.