Inondations à Eloie-Valdoie (90) : Une catastrophe pas naturelle11/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1746.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Inondations à Eloie-Valdoie (90) : Une catastrophe pas naturelle

Dimanche 30 décembre vers 10 heures, une lame d'eau a dévalé brutalement sur la bourgade d'Eloie dans le Territoire de Belfort, continuant sur une partie de la commune voisine de Valdoie, dévastant sur trois kilomètres des centaines de maisons, ateliers et usines et faisant 2 000 sinistrés, dont quelques-uns doivent à la chance d'en avoir réchappé.

Cette catastrophe a été provoquée par la rupture en cascade des digues des bassins de rétention qui venaient d'être construits en amont, vers le Ballon d'Alsace, dans les bois de Grosmagny, et mis en service deux jours auparavant. Ces travaux étaient censés éviter les dégâts quand les crues des rivières sont très fortes !

La veille au soir de cette catastrophe, Proust, le président chevénementiste du Conseil général, maître d'oeuvre des travaux, se félicitait encore de ce dispositif, destiné notamment à protéger Peugeot à Sochaux qui avait été inondé en 1990. Proust se félicitait de ce " baptême de l'eau " des bassins au moment où, dans le village voisin de Chaux, pour ce premier essai, c'était la course pour colmater les digues de deux autres bassins qui se fissuraient ; l'évacuation des habitants ayant même été envisagée.

Le jour de cette catastrophe, Proust déclarait encore que le dispositif avait fonctionné à 95 %, que sans ces travaux, cela aurait été pire. Ce qui a indigné les sinistrés, qui ont manifesté bruyamment à la préfecture et dans les rues de Belfort le jeudi 3 janvier.

Depuis, tous les politiciens promettent leur soutien. Lequel ? L'Etat et les collectivités locales ont tout juste rassemblé 3,5 millions de francs de fonds d'urgence. C'est nettement insuffisant pour ceux, en majorité de modestes employés, ouvriers ou retraités, qui se débattent maintenant avec les experts et les assurances, annonçant des remboursements les plus faibles possibles. Et si les 62 ouvriers de Zvereff (usine, classée Seveso, d'où du chrome et du cyanure ont été emportés dans les flots), en chômage technique, recevront peut-être une compensation salariale en janvier, ils craignent de perdre leur emploi.

Lors d'une réunion publique, le lundi 7 janvier à Eloie, le préfet, Proust et toutes les autorités ont promis d'intervenir pour faire baisser les factures d'eau et d'électricité. Mais ce " langage de vérité " est destiné à endormir les sinistrés qui voudraient au moins être indemnisés, correctement et pas à la saint-glin-glin.

Les entreprises qui ont conçu, construit et soi-disant " vérifié " des digues qui ont cédé comme des châteaux de sable, la SOGREAH Ingenierie, l'entreprise de travaux DTP, filiale de Bouygues, le cabinet Veritas, sont garanties d'empocher 81 millions de francs d'argent public. A Eloie-Valdoie, il faudra, comme à Toulouse, que les sinistrés fassent entendre leur colère pour ne pas être oubliés.

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