A l'usine de Saint-Priest de Renault Véhicules Industriels, jeudi 6 décembre, un ouvrier de la ligne montage essieux avait été convoqué par la direction en vue de sanction pour production insuffisante : 70 travailleurs de son secteur avaient débrayé pour l'accompagner à son entrevue. Du coup, la direction n'avait pas notifié la sanction et ne s'était plus manifestée pendant 15 jours.

Mais jeudi 20 décembre, l'avant-veille d'une fermeture de 12 jours de l'usine, l'ouvrier a de nouveau été convoqué le jour même à 13h. Cette fois encore, une vingtaine de travailleurs l'ont accompagné et là, la direction a immédiatement annoncé le licenciement, ce qui a provoqué la colère de tous les présents, qui ont décidé d'attendre l'équipe d'après-midi pour les associer à la protestation.

Il y a eu cette fois-ci 1h30 de grève, avec des "tournantes" dans les ateliers pour faire débrayer, et c'est à 50 que les grévistes sont retournés voir le directeur, qui en a entendu de toutes les couleurs, car chacun voit bien qu'il y a une augmentation des sanctions et des pressions pour travailler plus. Et ce qui choque encore plus, c'est que cet ouvrier est licencié du jour au lendemain, sans avoir eu auparavant d'avertissement ni de mise à pied, ou sans qu'on lui propose de changement de poste, comme cela se fait d'habitude. Le nouveau directeur, arrivé depuis un mois, ne prend pas de gants et il a montré tout son cynisme en disant qu'il ne céderait pas sur ce licenciement, même avec quinze jours de grève.

Aussi, les travailleurs de l'équipe de l'ouvrier licencié ont décidé de ne pas en rester là et de remettre ça le lendemain matin, ceux d'après-midi étant en RTT. Le vendredi, la détermination n'avait pas baissé et, au montage, aucune production n'est sortie. Il y a eu de nouveau des "tournantes", des affichettes du genre "Le père Noël est une ordure" dans toute l'usine, des bombages sur le bureau du chef. Les chefs d'atelier se sont fait brocarder et la direction a été visitée plusieurs fois. Cela fait des années qu'il y avait pas eu ainsi de grève toute la journée. Avant de partir, les grévistes ont souhaité une bonne année au chef du personnel, en lui promettant de recommencer à la rentrée.